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Posts Tagged ‘Periple’

Notre objectif de voyage nunmero 1 se situe sur les pourtours du bassin Méditerranéen…

Et comme ça chauffe un peu trop en Egypte et en Tunisie, on est plutôt d’avis à ne pas se risquer dans les problèmes -sauf qu’on pourparle sur le sens de ce mot. Pour l’instant, on fait le mort a Urfa- notre QG- en offrant dès demain nos services a de jeunes pupilles anglophones, qui balbutient quelques mots que nous allons enrichir grâce à nos compétences de travellers ployglottes. Vers la mi-février, en travaillant des gardes borders lines, on devrait pouvoir pénétrer Alep où ses environs- pour seulement 10 jours peut-etre, il a l’air difficile d’obtenir plus, c’est que s’est bien surveillé la Syrie, on est parano et il y a des espions partout. Peut-être poussera-t-on jusqu’à Damas où nous sommes déjà attendu par le frère de notre amie espagnole. Et après ? Un saut en Jordanie ? au Liban ? Ou un retour en Turquie, car le visa syrien coûte la peau des fesses -60 €- par têtes de pipes.  L’idée, s’est d’élaborer un plan en fonction du décantage politique de nos pays arabes.

Quant à notre plan B : Après une boucle en Syrie, on prend la route de la Georgie et de l’Arménie, en dégustant l’est de la Turquie . Maintenant, il y a plein de neige dans ces hautes montagnes et carrément les jeux olympiques d’hiver à Erzurum, on n’est pas vraiment équipés, ni trés chauds pour affronter tout ce blanc. On peut bien attendre la fonte pour profiter du printemps et se faire des sous a Urfa en donnant des cours d’anglais à tous ces intéressés que nous croisons à chaque carrefour. La boucle syrienne nous permettrait de renouveler notre visa turc, gratuit lui, à condition qu’on oublie pas de décamper tous les 90 jours.

Reporters sans frontieres

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Reinventer le voyage

Apres 4 mois d’interruption, nous allons bientot devoir reprendre la route pour la Syrie.

Du Mans a Istanbul, le pedalage fut notre moyen de transport de tous les jours. Combien de fois as-t-il fallu que je repousse mes forces ?

Je me souviens de l’apprehension du premier col, celui du Beal, qui m’a valu d’etre mal en point avant son ascension et une cheville foulee dans l’euphorie de l’accomplissement. Chaque jour fut une nouvelle epreuve au dela de laquelle repousser ses forces. Il y a toutes ces soirees hivernales specialement siciliennes ou montenegrines où il a fallu prendre un temps de sociabilisation en patience, parfois deux heures, avant de pouvoir s’abattre dans un lieu où enfin dormir. Et deux heures dans la fatigue du velo et dans une langue etrangère, je ne vous dis pas ce que cela donne…

Radovan le bosniaque etait bien inquiet, de me voir si affaiblie, en le quittant pour affronter des cols pas possibles menant a Sarajevo. Et il avait raison, ce jour-là, j’avais bien failli craquer pour de bon, d’épuisement, avant de me retrancher sur de bonnes doses de spirulines. L’arret a Sarajevo a a peine permis de digérer les mois préalables de courbatures. Si bien que passer la Serbie  ne  s’est tout de même pas fait avec la même légeretè que le début de voyage -quoi que les routes sarthoises ont aussi pu etre bien costaudes.

Evidemment Yannick, qui n’a pas la même force physique et un passé beaucoup plus sportif est à l’aise a mon petit rythme, bien que ce ne soit pas commode pour son genou cabossé, d etre en sous rythme. C’est un vrai gentleman qui roule toujours derrière moi, pour ne pas que je sois découragée. Mais au bout d’un moment, ma fatigue nous a rattrappés tous les deux et pour convalescence on a du s’immobiliser là où nous nous trouvions, a Urfa.

Maintenant que nous avons décidé de continuer dans deux ou trois semaines, il nous faut reinventer le voyage pour ne pas que je le subisse. En effet, jusque là notre objectif était de se rendre dans tes petits bleds paumés, pour faire un peu de sociologie, être dans le concret des préoccupations des petites gens de tel ou tel pays. Ce qui pour moi est très fatigant est l’obligation de sociabiliser tous les soirs avec des gens différents-ce que je ne vis pas autrement. Des hommes qui s’adressent a Yannick, du même sexe, et des femmes, a la communication souvent limitée a ces deux questions : es-tu mariée, as-tu des enfants ? Où est ma place sociale dans ces rencontres alors ?

Pour continuer, on fera un mix entre le vélo et le camion stop. Davantage de petites escales tranquilles sans efforts de sociabilisations, et je ne sais pas encore comment on va s y prendre…En tous cas ce sera deux mois de voyage avant de se reposer au Caire, ou l ami de Yannick nous attend pour une réunion d amis. Vous ai-je dit a quel point la fréquentation des européennes modernes étaient appréciables ?

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De Kurucaşıle ou notre famille nous a rejoint…

Manque de pot, ces quelques jours de ravitaillement affectifs ont ete brouilles par de traitrises infections urinaires et autres dont vos cyclistes furent les victimes. İl faut dire que lorsqu’on « pause », le corps, l’esprit et les anticorps se détendent par contraste avec le « poussage a tout » quotidien. İl ne s’agit pas seulement d’un repos vélo mais aussi d’une relâche de tous ces investissements, l’apprentissage de la langue étrangère et l’apprivoisement -reciproque- avec l’hôte et les autochtones en general qui demandent  beaucoup de patience et de concentration. Lors d’un arrêt prolonge, le corps revele ses faiblesses. Les articulations se rouillent, la musculature ou la non musculature par endroit (comme au vaste interne, a l’intérieur du genou et au bas du dos) est douloureuse et les dents crient « gare au sucre ». On croit s’en remettre après quelques siestes salvatrices, mais le mal est malheureusement proportionnel aux efforts, inscrits dans la durée. Avec un corps de grabataire qui nous confine a la literie, le moral  touche au fond, on traverse une phase de déprime obligee. İmmanquablement a chaque semaine de sédentarisation, l’un d’entre nous subit ces symptômes. Si bien que le repos est aussi fatigant a encaisser que le reste du voyage.

Cette fois-ci, nous sommes desole d’accueillir notre famille dans un état raplapla lamentable. L’un après, l’autre, nous sommes contraints de rester alités par extrême fatigue, diarrhée, maux de têtes et encombrements divers. Bienchanceux d’avoir une famille compréhensive et soutenante dans ces moments de déliquescence difficiles. İls sont aux petits soins, on en profite, mais on regrette tout de même de leur imposer des vacances 3e age. Encore une semaine de repos sera nécessaire avant que vos aventuriers ne repartent à l’assaut des Hittites.

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En cette haute saison de migrations vacancieres, certains en nous voyant s’écrient : Oh des touristes ! Et lorsque nous leurs demandons d’où ils viennent, ils disent d’ici avant de nous parler de leur ville à 3000 km à l’est du pays ou  d’Allemagne. Un Turc expatrié, nous raconte qu’ici les piscines des hôtels de luxe sont moins cheres qu’en Belgique, que les enfants en profitent bien. Alors touriste, qui est ? Dans les petits villages c’est avec fierté qu’on décrète faire le  cicerone (expression italienne, le guide) pour l’hôte, le touriste, l’étranger. Mais finalement, nous ouvrant leur porte, un Tchai, et vous avez faim ? attendez, je vous apporte quelque chose a manger… nous sommes vite reidentifies comme étant voyageurs, yolculer en turc, celui pour qui Allah dit qu’avec le pauvre, il faut offrir le gîte et le couvert. Souvent, on nous invite a manger a meme le sol, assis en tailleur les pieds sous la nappe, les petites assiettes de tomates, concombres, olives, fromage, yaourt, omelettes… sous la fourchette de chacun. Et avec insistance, ils nous pressent « ye,ye » ou « itch, itch », « mange, mange »,  » bois, bois » avec satisfaction de nous voir de l’appetit.

A la maison, les mamans et les filles aînées s’affairent à nous régaler dans la cuisine, sans sembler subir leurs conditions comme en Bosnie. İl faut dire que le père ou le fils donne un petit coup de main symbolique de préparation de la nappe ou de service du thé… İl y a tout de même celles, qui par tradition doivent servir la belle famille et gare a la belle mère qui peut être abusive. A 30 ans, il est courant d’avoir trois enfants. Et les notres ou sont-ils ? Plus tard, plus tard, en France on traine jusqu’a 30 ans pour un premier bebe. La proximite intergenerationnelle est agreable, d’autant plus qu’on montre son affection a l’autre par des gestes de sympathie. Les femmes débordent d’affection pour la voyageuse que je suis, parfois un petit cadeau, un foulard par exemple arrive entre mes mains. Pour Yannick, le pere offre genereusement un slip…

Le foulard, parlons-en. Les femmes les plus voilées, tout en noir ou habillees chaudement d’un imper choisissent souvent elles-memes ses atours par tradition ou par croyance, c’est après tout moins complique de choisir sa tenue le matin. Dans les villes, de jeunes résistantes ont les cheveux aux vents et les épaules dénudées. Mais a la campagne, en débardeur, les filles rigolardes m’attirent dans une pièce pour me vêtir  » les voisins te regardent » bouffent-elles, genees, alors qu’elles portent des T-shirts moulant leurs fraîches poitrines.

De Denizli, nous avons entrepris de remonter la Turquie en 4e vitesse pour retrouver les mamans et les frères sur la mer noire près de Safranbolu (rendez-vous le 4 aout). Au passage, nous avons fait un tour du cote des nécropoles phrygiennes, impressionantes et nombreuses dans la vallée entre Afyonkarahisar  (la citadelle noire de l’opium) et Eskişehir. Le paysage ocre, mıneral et sculpte par les ıntemperies ressemble a la Capadoce. A un endroit appelé Midas sehn, un mur gigantesque couvert de bas-reliefs geometriques a ete façonne dans la falaise. Quatre escaliers devaient conduire vers des lieux de cultes disparus. Un archéologue français a fouille les lieux dans les années 30. Amis archéologues et historiens, peut-etre pourriez vous nous en dire davantage depuis les bibliothèques françaises.

Entre Amasra et Cide, la haute montagne se jette dans la mer. Nous avons élu notre camp dans un petit village, sur la plage. La tente subit les ravages du sable, la mer est bleue foncee et tres salee, le decor a un cote breton. Beaucoup de femmes se baignent toutes habillees.  Les expatrıes turcs allemands ou francais sont ici en vacances et flirtent avec leurs cousins eloıgnes turcs, qu’ils epouseront probablement plus tard (car on ramene souvent un conjoint du pays en Occident). Un lieu de villégiature s’est presente pour accueillir les nôtres dans la masure de mamie Ainour, ancienne couturiere de robes de mariees, qui en ce moment même prépare des confitures avec la voisine dans de grands chaudrons. On nous a dépose dans l’coin par camion refrıgere dont mon estomac retourne se souvient encore. Ces petits bleds vivent de la construction de bateaux de pêcheurs, a quelques lieux des cites balnéaires littéralement envahies par les Stambouliotes.

Ce repos est bien mérite. Le voyage est éprouvant par moment. Avec la chaleur et nos contraintes de rencontres, il est hors de question de se coucher avec la nuit. Le 10 aout commence le ramadan. Baklava et fêtes de nuit, nous n’avons pas finis de découvrir l’Orient.

Les photos, promis, c’est pour bientôt sur Picasa, mais pour l’instant, ça ne marche pas.

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Puisque Julien et Kevin- ami notoire de Yannick et son compagnon- sont venus nous rejoindre avec l’idée d un fol périple Istanbul/Antalya en 3 semaines -un millier de kilomètre au moins, nous avons ete quelque peu contraints -avec plaisir pour un passage en legerete- de prendre des grands axes en auto stop. Le camion stop est un sport très praticable dans ces contrées bien fournies en pıck up et en poids lourds, nous permettant d’enchaîner les routes entre Yalova et Turgutlu en passant par Bursa -l ancienne capitale Ottomane et Pergame, l ancienne grande cite grecque, pille par les allemands. Ainsi, nous avons découvert qu ‘en Turquie se pratique une culture de la route hors pair, qui consiste pour le chauffeur à partager le plus de temps possible avec son passager occasionnel.  Il nous propose de s arrêter tous les 50 kilometres, pour boire un thé, manger un morceau ou acheter de l’eau. Offres que nous declinons bien souvent, car traîner dans les transports en commun, c’est bon pour les parisiens, ca, pas pour les aventuriers. Ces rencontres sont parfois surprenantes. Nous découvrons la culture locale et apprenons a identifier les gens cingles, discrets au premier abord. Un conducteur très obsede, nous confiait qu’il est facile de « se faire des iraniennes, il suffit seulement de payer la chambre d’hôtel ». » Y a-t-ıl beaucoup de françaises en France ? Je ne m’intéresse qu’aux petites jeunes de 20 ans » dit-il du haut de ses 50 balais. Vous imaginez mon mal-aise ?

Il a fallu un temps d adaptation inconfortable pour réaliser que si les hommes d’ici ne m accordent pas un regard ni ne me serrent la main, il s’agit d’une marque de respect-ne pas violer du regard. Les femmes agissent d’ailleurs de même envers les hommes -peut-etre davantage parce que les relations inter sexe sont très séparées. Au début, imaginez comme dans les milieux masculins, cela est déroutant de se voir mise au ban, on se sent drôlement paria. Une seule issue ici dans les familles de cette culture-la -car tous n’agissent pas de la sorte, cela dépend de leur éducation, dıversıfıee en Turquie- penetrer le milieu des femmes. C’est ce qui m arrive malgré moi, dans un petit village du bout du monde ou  je suis seule pendant que Yannick et ses amis s’attaquent sportivement a la montagne environnante. Le décor est splendide, un brin arizonıen dream et je m’eclipse en fait bien rapidement pour méditer tranquillement. Les femmes sont gentilles et m’entourent de leurs bons soins, lavent mon linge dans leur machine, m’invitent a dormir avec elles et a manger tout au long de la journée. Entre elles le foulard tombe, comme un accessoire de mode laisse de cote. L’une d’entre elle me pince la joue comme si j’avais trois ans, je dois faire la moue, je crois. Au village, personne ne comprends pourquoi je me suis esquivée sans prévenir. Je tente une explication sur les différences culturelles, ou  alaturqua c’est toujours tous ensembles et un peu lourd pour une voyageuse au long court qui vient de contrées alafranca, ou l’ındıvıdualısme permet de méditer tranquillement dans son coin.

Il faut dire que nous sommes sans cesse sollicités. Pas moyen de se reposer à l’ombre d’une mosquée sans être envahit par une horde d’enfants curieux, repetant sans cesse « What’s your name », gentils mais bien trop nombreux et imposants, il nous arrive désormais de les fuir comme la peste. On trouve aussi de ces hommes paternalistes ou trop concernes qui étudient avec soin notre route sans que nous ne leur ayons rien demander et émettent leurs avis, nous retenant trop longtemps pour nous conseiller des itineraires inadaptés de grandes routes. Si nous penetrons dans un foyer, nous sommes certes choyes, on nous invite souvent a boire des tchai et a grailler, mais en contrepartie, on nous prend pour une attraction. Il nous faut nous mettre en représentation, poser pour d’interminables séances de photos souvenirs et répondre a quantité de coups de téléphone donne par nos hôtes aux amis et a la famille pour témoigner de la présence d’un touriste au village. Pas facile de recharger les batteries dans ces harcèlements psychologiques qui ne nous permettent pas d’être seuls.

Phénomène intéressant, il nous arrive d’être accueillis par des turcs français ou des turcs allemands de retour au pays le temps des vacances. Les rapports de migrations s’inversent. Eux qui connaissent souvent des difficultés d’ıntegration dans les pays d’accueil sont à présent dépositaires des clefs de la culture turque, nous sommes en position d’apprentissage, leurs hôtes proteges, partageant pour un moment cet à cheval culturel dans le sens inverse du leur. Nous évoquons ensembles des villes et des coutumes occidentales lointaines, et eux sont contents de l’intérêt que nous portons a leur culture, d’accueillir des français chez eux qui les reconnaissent comme français ou allemands -l’humour nous est commun, quel plaisir. Ahmet de Charlevılle Mezıere nous apprend qu’un mois passe en Turquie équivaut a 7 mois en France, car ici il faut satisfaire, les amis et les voisins en repas continus tout au long de leur séjour et cela coute très cher.

Les turcs des campagnes travaillent d’arrache pied dans les champs. Pour certains la nuit même, car la journée le soleil de plomb brûle et liquéfie. C’est la saison des récoltes. Nous pedalons d’une chaîne de montagne a l’autre entre Turlugtu et Denizli, appréciant des paysages diversifiés marques par une aridité estivale. Pour se rafraichir lors des pauses, on enchaine les ablutions a la mosquee. (Pourquoi en France ne peut-on pas avoir un acces a l’eau si simple alors que nous sommes mieux pourvus ? )

Apres l’exploration de le greco-romaine Bergame et de l’Ottomane Bursa, nous avons fait un tour du cote du Pactole et de la splendeur du roi Cresus, a Sarde, dont il reste éparses des restes de grands monuments romains, dont un magnifique Gymnase, rénove comme dirait Kevin a la façon d’une salle de bain kitsch. On devine la splendeur romaine passée quelques siècles après Cresus. A Dikili,cote sauvage pleine de petits pavillons construits sauvagement, nous degueulons la cote Egenne touristique, sans avis de preservations. Nous soupconnons quelque peu la mafia immobiliere d’avoir pris sa part, mais Egemen (homme de la mer Egee), notre hote Turko-Kurde nous remet les pendules a l’heure. Il est vrai que les rapaces visent plutot les hotels de luxe que les maisons haricots.

Pour l’heur nous avons quelques étapes du Tour de France a rattraper et un immanquable retour a Istanbul pour retrouver la famille qui s’y rend au 3 aout.

Bon ete a tous.

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Samothrace, la d’ou vient la Victoire qui siège au Louvre. Une très grande stoa avec vue sur la mer au milieu d’antiques édifices. Le marbre le plus remarquable est grave du nom de Philippe, un des arrıere-rejetons d’Alexandre qui fît bâtir le sanctuaire. Notre apprenti archéologue américain, en charge de reconstituer les lieux en animation 3D, nous promène avec un mot pour chaque lieu marquant. Les archéologues présents depuis 30 ans reviennent chaque année d’une université géorgienne, unıted states, financée par Coca Cola, nous partageons un repas grec ensemble.

A Terma se trouve un  très grand camping gratuit. Tout au bout, notre petite tente est refugıee sous un platane cyclope colossal, comme il y en a beaucoup dans cette partie de l’île. Ils grandissent leurs troncs creuses et bulbeux pour donner forme a une féerie locale. Le soir, nous flambons un feu de bois flottes sur les galets, pour cuire nos lentilles avec un ajout d’eau de mer. Au saut du lit, la mer nous prend dans sa liberté d’apesanteur et dans sa douce température. Quelques brassées pour mieux prendre recul sur l’imposante montagne de Samothrace et voir le temps qu’il fait, la-bas sur le continent et sa cote difficile ou nos roues ont laissé leurs traces. Les cascades d’eau thermale qui coulent depuis 1600m d’altıtude provıennent des profondeurs de la terre et s’organısent en bassins réguliers, piscines glacées dans laquelle nous rafraichissons le linge et nous-meme et la peau adoucie s’en souvient. Pour partır en vacances nous avions joue un peu de saxo et de guitare devant l’embarcadère, ce qui nous a permi de collecter suffisamment de sourires et d’euros pour aborder les lieux plein d’optimisme. Maıs nous tombames malades l’un après l’autre comme cela arrive parfois au cours d’une pause un peu prolongée. En juillet ce paradis se rempli d’étudiants en quête de nature, plein d’instruments de musiques, saturant certaınement l’île et nous faisant passes pour des touristes quelconques. Aussi le 30 juın marqua la fin de cette détente…

40 kilomètres de route nous conduırent à la frontıere greco-turque depuıs Alexandroupolı. Une frontière bıen gardée par des militaires des deux bords jusqu’au trait de séparation frontalier symbolique au milieu du pont (la les Turcs sont sérieux, mais les Grecs plutôt occupés a téléphoner ailleurs). Nous parlons aux camionneurs et aux caravaniers, qu’un brave puisse nous prendre en auto-stop pour parcourir les derniers 200 et quelques kilomètres. Un Kurde accepte mais tout d’abord, il doıt paye un bakchich, corrompre le douanier en lui glissant 200 dollars, pour qu’il puisse passer avec sa cargaison de machines a coudre nous dıt-il. Depuis la Grande Bretagne il approvisionne son entourage en tondeuses, rasoirs electriques, aspirateurs… tout cela avec juste un salaire de déménageur, alors arrêtons de dire que « nous n’avons pas les moyens » lorsqu ıl s’agit de questions de sous.

Il nous dépose a Istanbul, Fatih, comme une fleur. Tout s’est boutılle a la dernière minute et nous n’avions pas ou loger ce soır-la. En se promenant dans Sultanamet, un poète nous rencontre et nous invite a crecher chez lui, souriant, heureux, enfantin. Ces cousins sont de la même pate. Ils nous explıquent qu’ils travaillent dans un magasin de tapis, a deux pas de la Mosquee Bleue, a dix, en famille et qu’eux sont les rabatteurs, ceux qui opèrent dans la rue pour emmener le client vers le stock. Le lendemain est plein de faux-plans, une sorte de course poursuite a travers la ville a la recherche du consulat de Syrıe, ferme quand on arrive, après un paquet de dénivelés, et du Forum social européen qui a lieu dans une université, mais en fait non…. Quand on finit par la dénicher toute belle au milieu d’un quartier délabre de pauvres gitans, on s’aperçoit qu’il ne s’y passe rien. Un Turc très sympa nous conduit avec deux Suédoises égarées dans un autre campus, incroyablement riche ou nous assistons vaguement a la remise de diplômes. C’est 20.000 dollars l’année ici pour pouvoir étudier, cela me semble profondément injuste, ferme sur un monde bien trop propre ou tout est beau. Maıs maintenant je vous écris de l’université publique avec vue sur le Bosphore qui vaut bien l ‘autre.

Depuıs deux jours Zeynep nous guide dans la culture locale. Aujourd’hui elle m’apprend que tout petit enfant a un oiseau, que c’est très courant en Turquie, qu’ils parlent, qu’ils sont très sentimentaux et peuvent se suicider par amour pour un autre. Elle les connaît bien puisqu’ils volent dans sa maison d’enfance, qu’ils mangent a table comme tout le monde. Je joue de la flûte  -notre nouvelle acquısıtıon- et il se met a chanter, je pensais que les  oiseaux en cage étaient comme mort, mais le contraire vient de m’etre dit. Pour remercier les concierges de garder si bien nos bécanes, nous leur apportons notre gâteau maison, il faut le mettre dans un plat et qu’ils nous rendent plein (d’un met qui soit le leur) sinon cela est très impolis. Nous nous déplaçons du 7e au rez de chaussée juste pour eux, plutôt qu’a l occasion d un déplacement, en partant par exemple, pour leur être plus sympathiques. Peu de femmes ont ici les épaules nues et les genoux a l’air libre, contrairement a ce que j’imaginais. Et par cette chaleur, on plaint les plus couvertes.

Nos prochaines aventures se tiendont en Turquıe, Syrıe, Jordanıe et Egypte.

A bıentot.

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En descendant les montagnes Bulgaro-Grecques, nous faisons la connaissance de Christophe et Guillemette, deux compagnons de vélo, qui eux montent dans l’autre sens, avec un piano. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur leur fol projet, leur site s’appelle pianotrip.

Contraste. Montagnes arides à perte de vue, pour changer des étendues forestières. Chaleur étouffante qui nous contraint a pédaler a l’aube, car a 11h, il fait deja 33 C. Dimitra et d’autres nous conseillent la route Drama Xianthi, forcement ombragee… que nenni ! Heureusement qu’elle est ponctuée par le sauvetage de tortues kamikazes, de tous ages, qui ont la diarrhée sur le bitume de peur de finir grillées sous le soleil ou écrasées sous ces gros tanks de voitures indélicates.

La Grèce représente pour nous, tout d’un coup, le retour à la société de consommation. On trouve des banques, même dans les villages. Plus de charettes chargées de foin conduites par des petits vieux, ni de travailleurs des champs accablés par la chaleur, mais des scooters à foison conduits sans casques, un flot de voitures permanent girant dans la ville. Les consommations aux cafés sont plus chères (on boit du frappe, un café glace) dans les bars forcement branches. Il y a des airs de cites balnéaires dans ces villes shoppings ou l on sort en mini-jupe ou en tenues a la mode. Trouver une robe simple et qui atteint les genoux, est dans ce contexte, un super challenge. Une atmosphère relaxe et une bienveillance générale nous rappelle l’Italie, différente de celle des slaves certainement plus préoccupés par des occupations quotidiennes de survie. Ici, il y a une ambiance de decontractitude permanente propre a des sociétés plus riches et insouciantes. On transpire a grosses gouttes dans ces endroits bitumes ou la verdure est rare. Les torrents sont pour beaucoup trop a sec.

Heureusement la Nestos dans la campagne, est elle bien remplie, visitee des cormorans et des moutons. On y prend quelques bains rafraichissants, elle nous sert de frigidaire pour sauver la feta et les olives d’une déchéance sure, et de machine a laver a la main le petit linge qui a besoin d’être renouvelé. Apres un orage, les brumes qui s’en degagent sont féeriques.

Tout d’un coup nous avons realise qu’Istanbul n’etait plus très loin. Nous y serons fin juin, c’est sur. Mais on nous vante tellement la cascade à bassins de l’île sauvage de Samothraki, qu’on compte bien s’y rendre depuis Alexandroupoli. Le bateau ne coûte pas plus de 15 Euros, nous assure-t-on, que l’on gagnera pourquoi pas en jouant de la musique ? l’arrivée a Istanbul se fera en stop, pour éviter de finir sous les roues de machines en furies, le mieux sera d’Alexandroupoli. Constantinopolis, comme disent les gens du cru, n’est plus qu ‘a 400 km, mais on la sent depuis la Bulgarie et la Grèce ou les séries turques crèvent l’écran. Dans les rues de Xianthi, les femmes musulmanes en imper jusqu aux chevilles font peur a voir par cette canicule, surtout qu après, je serais inévitablement contrainte de me plier a la règle de vêtements amples ou l’on ne voit pas les lignes du corps, si je ne veux pas passer pour une catin aux yeux d’hommes recules dans des pensées étanches. En attendant cette torture, avis aux amateurs de la mosquée bleue et de la Sainte-Sophie, vous êtes les bienvenus pour nous rejoindre ou que ce soit. En Turquie (les liaisons avions-trains, ça existe) ou après, en Syrie, en Jordanie ou Égypte, nos prochains pays d’étapes. Une visite, meme d’amis ou de familles statiques, nous fait toujours plaisir et est absolument possible avec un brin de volonté. Bon ete a tous… et ceux du nord, n’oubliez pas que vous echappez aux coups de soleils, a l air etouffant aux mouches et aux moustiques virevoltant autour de jus de sueurs sucrees.

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Avec nos seules notions de serbo-croate pour comprendre le Bulgare, nous mettons un certain temps a réaliser qu ici pour dire oui, on bouge la tête de droite a gauche et pour dire non de haut en bas, l inverse du français en somme. Mais leur merci, lui, nous est bel et bien familier.Cela nous rend les habitants très sympathiques.

Une petite frontière Serbe, nous offre une route peu fréquentée. En pleine campagne, au milieu de nulle part un monument aux morts surdimensionne, vestige du communisme, annonce la couleur d un temps révolu, qui fut un jour pourvu en infrastructures (usines, écoles…) aujourd’hui entièrement délabrées. Les industries minieres de Bobov Dol, aux batiments immenses et tous fracasses, pipe-line dans les hauteurs, pans de montagnes creuses et poulies gigantesques, temoignent de cette grandeur passee. Serait-ce donc cela, la jeune Europe, du delave a la population non moins vieillissante qu’en France. La contribution de l’Union européenne, est apparente dans les routes, qui rendent bien, dans les grands axes frequentes, il s’entend, ceux qui gravitent autour de Sofia pour mieux mener les citadins aux sports d’hiver du Pirin. Le système de tri pour les déchets, récemment mis en place évite de nombreuses décharges sauvages comme ailleurs, dans les Balkans. Et l’euro, en transition avec le Lev, la monnaie locale qui vaut deux fois moins et qui encombre bien les gens.

Une famille de gitans, comme il y en a tant, occupant une partie démunie de la ville de Tran nous héberge une nuit. C’est la grand-mère, ou plutôt l’arrière grand-mère a 70 ans qui nous convie de partager son abri de fortune, une cabane deux pièces, de conte de fée, toute rafistolée de cartons et décorée de vieux papiers peints et de photos de famille soigneusement découpées et encadrées. Bonjour l hiver dans cette baraque ! A cote, ils habitent tous ensembles, la fratrie de 3, leurs conjoints, leurs petits enfants en bas age et leur mere, dans trois/ quatre pièces, avec la cuisine en commun. La plus jeune maman a 19 ans et encore une tête d’enfant. Tous rayonnent, affichent de beaux sourires généreux, parfois bien édenté, qui font pétiller leurs yeux. Malgré de très modestes conditions de vie, on sait être heureux par ici et tellement respectueux qu’on a du mal a croire a la réputation voleuse des gitans. Yannick profite des talents musicaux de Ratcho sur son synthe de fortune, pour initier une jam session post étape.

Les cigognes doivent connaître les frontières. Elles ne font pas leur nid en Serbie, mais ici, sur les poteaux a plate-forme des villages. Dans le Pirin, la chaîne de montagne ou nous nous trouvons, nous avons recense cinq nids pour un bled. On les observe, ces grands oiseaux de compagnie. Les oisillons ont grandi, ils ne laissent plus de place pour les parents au nid. Bientôt, ils prendront des cours d’envol -il doit y en avoir qui se ratent parfois de ces 6 metres de haut. Et parait-il, a la saison des migrations, le ciel se couvre de cigognes, éclipse de passage qui marque la fin de la saison chaude pour un hiver bien froid.

L’économie jardinière, l’élevage d’une vache et de quelques poules, pourquoi pas d’un porc permettent de faire vivre les familles toute l’annee (y compris les enfants qui se retrouvent en ville, en HLM). Le jardin d’agrément n’existe pratiquement pas, le potager prime, tomates,petits oignons blancs, courgettes, haricots pour le passoul, quelques salades, beaucoup de persil et un peu d’anis. On fait des conserves, car en hiver, rien ne pousse sous la neige, les vitamines sont bien rares. On nous sert des beignets de pain, au petit-dej, et le soir des oeufs, sous forme d’omelette aux oignons, du jus de concombre a l’anis, au mieux des préparations de l’été dernier a base de tomates, occasionnellement du poulet aux patates et du fromage, toujours un peu le même a mi-chemin de la feta et du fromage frais. (Mais jamais de pâtes, comme quoi, leur internationalité est limitée). On attend avec hâte de voir poindre les premiers légumes murs, tellement l’hiver fut depourvu de vitamines. Impatients, les bulgares comme les Kosovars, mangent les prunes vertes comme des bonbons.

Dans ce pays survivant du communisme et  sans emploi, nous sommes choqués de l arrivée du capitalisme et de ces pubs manipulatrices et répétitives sur la route qui nous mène vers la station de ski de Bansko. On y vante les qualités d’hôtels 4 etoiles, que seuls de riches européens peuvent s’offrir, un club de golf ultra chic, des publicités pour des marques de vêtement de friqués… d’ailleurs, la route est fréquentée par de belles voitures neuves, voire des 4×4 de pacotille pour les nouveaux riches locaux. Vie facile de consommateurs, offense sans nom pour les gens de tradition du cru qui vivent avec les moyens du bord, estime-t-on. A Bansko, jolie ville ancienne tout n’a pas ete corrompu. Partis pour planter la tente, nous sommes invites par un couple a dormir dans l’espace hôtel de leur maison a titre d’amis. Un geste bien rare pour des commerciaux de l’hôtellerie qui nous fait d’autant plus plaisir.

Les mamies du Pirin nous réjouissent de leurs pantalons bouffants et de toutes ces couleurs vives reparties anarchiquement sur leurs chemises et foulards. Le travail des champs, en action a cette époque, sous un soleil de plomb, a du faire vieillir prématurément cette femme de 55 ans qui en parait 70. A l’ombre des vignes a rakia -l’alcool fort local, organise en treillis au dessus des têtes, on se retrouve pour une pause café, a l’abri de l’été. Ide bre, comme on dit par ici, nous nous apprêtons aujourd’hui a passer le col qui nous sépare de la frontière grecque, destination Drama et Xianti, toujours dans les montagnes ou l’on peut encore respirer.

Un mot subsidiaire santé, Yannick fait pâlir les chapes de beton avec ses maux de tête. Une main masseuse et quelques siestes en sont finalement venu a bout. Heureusement aussi, que cet hôte nous dorlote d’une passoire de fraise pres du lit, c’est que lui aussi a faillit comme nos belges de l autre jour, passer par le petit trou de la serrure, alors il sait recuperer les bonnes choses de la vie.

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Quitter Sarajevo ne fut pas une mince affaire. Nous commencions à nous implanter la/bas, fréquenter de bons amis assidûment, avoir nos habitudes…

Epreuve de détachement, il a fallu dire au revoir aux Mesbah, qui nous ont beaucoup apporte en matière de développement sprirituel ainsi qu-a Sebastien, Dede et leurs enfants , que nous avions aussi adopte comme notre famille. Les discussions, dans le cadre des expatriés français étaient fort intéressantes et allaient bon train. A signaler, ce travail a La Croix Rouge, de visites dans les prisons pour éviter aux criminels de guerre de se voir leurs droits usurpés. Les prisons bosniennes tiennent bien mieux la route que les françaises, encore imprégnées du régime de Tito. Elles s-auto suffisent, en produisant la, de l alcool fort local, ailleurs un atelier de serrurerie, ça nous fait bien rigoler. Chacune ont leurs propres terres a gérer, sans que l-etat n-aient a subvenir a leurs besoins. Les prisonniers ne sont donc pas enfermés dans des murs et une cour de bitume de 20 m carres. La reinsertion en est facilite.

Quittant Sarajevo par la route de Pale, il nous faut affronter un passage obscur, un tunnel a une voie, sans lumière, sur 500 metres, qui est assez fréquenté. Autant vous dire que le noir d-un tunnel est vraiment sans espoir, fait perdre tout repère comme dans l- immensite de l univers ou les fonds sous/marins, c est l abolition de l espace et du temps. Il faut maîtriser son étouffement, sa claustrophobie, sa crainte de ne jamais revoir le jour. Ce tunnel a ceci de particulier qu il sépare une ville SErbe orthodoxe d-une ville musulmane, petit îlot en pleine Republika Srbska. Nous sommes encore en Bosnie, les habitant ont ete profondément marques par la guerre des années 1990, une guerre immonde, ou le voisin serbe était l ennemi du bosniaque musulman. Ou, sur les hauteurs des villes, construites dans des canyons, des snipers tiraient sur hommes, femmes, enfants, qui pour beaucoup furent contraints de vivre enfermés durant 3,4 annees de siège. Qui n-a pas perdu un frère, une mère, un fils dans ce carnage. A Paca ou nous dormons ce soir la, ce sont des quinquagénaires, sexagénaires, qui se détruisent a coup de Pivo et de Raiki (bière et alcool fort local) pour oublier l-insupportable. Ces générations semblent revenir du fond de l-horreur.

13 tunnels noirs nous attendent encore. La route que nous croyions asphaltée ne l-est plus. A sa place, une ancienne voie ferrée, chemin de terre et de pierre dans le fond d un canyon encore mine. L alternative est une route très raide dans les montagnes, et les jarrets n en veulent plus.  Certains tunnels ressemblent à de grands tubes digestifs, humides, glaciaux, au sol irrégulier dont il faut se préoccuper. Il n est pas question de se fouler un pied dans ces tréfonds obscurs. A 200/300 metres de longueur nous ne voyons pas le bout, le jour salvateur. Notre seul repère spatial, la lumière de la lampe frontale, notre meilleure ressource, parler, s encourager, chanter, entendre nos voix rassurantes.  Finalement, on s-habitue. Petit a petit, combattant mes peurs, la curiosité prend le dessus, l observation de soi dans un milieu si surprenant.  Apres encore une dizaine de tunnels, sur de la route asphaltée, une sensation de bien être apparaît presque. Le changement de température devient l élément le plus pénible, par contraste avec la chaleur extérieure, maux de gorges au programme.

A l école voisine de Rudo, dans la nature junglesque des bords de la Lim, nous partageons deux nuits avec Madame la professeur, Radmila. Une résistante aux forces Serbes qui contraignirent sa famille /SErbe/ a aller dépecer le voisin. Pas facile de jouer un double rôle, de faire semblant d être du cote des exterminateurs et des exterminés. Ecoeurée par les deviances religieuses (qui sont, dans cette guerre melees a des expansions de territoire), elle affirme avec fierte, son athéisme, chose rare dans cette région. Pour autant, elle se montre très intéressée et ouverte a la religion Baha-ie dont je lui touche quelques mots. Contrairement aux laïcs français très réactifs a toute conversation sur ce sujet. Radmila arrive a conserver un esprit rayonnant et joyeux, tout en consommant quantités de cigarettes. Elle est aux petits soins avec nous… Nous rendons visites a ces trois petites élèves, rien a voir avec ces classes bien garnies de 30 ouailles sous Tito. Avec les fermetures des industries communistes (production de voitures, equipementiers), les habitants ont déserté les lieux. Petite séance d- echauffement avec elles, et puis nous repartons, contents d-avoir vu enfin une école de campagne en fonction.

Nous voila enfin chez ces Serbes à la réputation affreuse. Tout le monde nous salue, nous interpelle, heureux de rencontrer des étrangers encore plus qu- ailleurs. Nous rencontrons bien un lycéen ouvertement raciste envers les Albanais, mais sinon des habitants tranquilles à l-air pacifiste. Quelque chose n-est pas très clair… la famille chez qui nous logeons, veut a tout prix que nous evitions Sjenica, ville d-ou je vous ecris, parce qu elle est peuplée de musulmans peu accueillants. Pour ne pas les braquer, j-explique a l-aine, par ailleurs charmant, qu-il y a des gens sympas partout. Il semble que les musulmans soient assimiles aux envahisseurs turcs de jadis, dans l esprit des Serbes. Dans ce cas, ils ont du se sentir en légitime défense de les chasser hors de ce qu-ils consideraient être leur territoire, la Grande Serbie. Yannick croule sous les demandes du père et du fils aine, qui rêvent de venir travailler en France. Quels salaires pour travailler dans l agriculture, chez Renault…? Quels emplois peuvent/ils trouver… Leur qualité de vie est des meilleures, en tous cas en cette saison. Ils travaillent a leur rythme dans la ferme familiale, sans s imposer de folles cadences, ils vivent ensembles de manière très équilibrée, ils mangent bien, ont 3 maisons, que cherchent/ils en France ? Leur rêve, le pouvoir d achat, la consommation,  a laquelle nous essayons de résister, mais qu eux ne connaissent pas encore. Et vu le peu de cas fait du traitement des déchets, tant mieux pour la nature !

Cette nuit fut vraiment cocasse. Une famille de furieux, qui se hurlent dessus pour communiquer quand ils ne rigolent pas a grosses vagues, n ont pas digere notre statut de mumak et tsura (de copains/copines non maries). Ils ont dormi avec nous dans le salon, la tele allumée, et nous les suspectons de nous avoir chaperonnes. A première vue rien de bien méchant, pourtant, ils nous volèrent notre liberté a s immiscer dans notre vie prive sans aucun droit. La prochaine fois, si nous voulons la conserver, il nous faudra adapter notre réalité a la leur.

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Passage a Dubrovnik, regard sur la Croatie.

Accostage a Dubrovnik après la route la plus périlleuse qui soit au traffic dense et nerveux sur une artère type rocade. A chaque dépassage de montagnes s’échappent des archipels féériques d’une brume de fin d’après midi printannière. Le général Gotovina affiché à l’entrée du territoire, actuellement jugé -les Croates l’espère, innocent- annonce le climat de réglements de compte post-guerre, en cours dans les Balkans.

Nous avons connu l’épaisseur de la ville en rencontrant Neven. Lui et sa femme Barbara nous autorisent a monter notre tente sur leur terrasse -bien qu’ils possèdent des chambres d’hôtes-, mais craignent les mauvais commérages de leurs voisins. La ville est couverte de panneau sobe, rooms, appartments à louer, accueillir gratuitement chez soi quelqu’un de passage relève du défi. Ici, le propriétaire se trouve dans l’obligation de verser une taxe d’un euro par jour a la ville pour chaque touriste hébergé. L’appât du gain est dans l’air du temps, pervertissant l’hospitalité. Chacun se sentant en concurrence avec son voisin, s’autorise à dénoncer celui qui n’aurait pas déclaré ses visiteurs. Un parent ou un ami en simple visite est logé à la même enseigne, n’en déplaise au bon accueil d’antant, car bien trop souvent, en cas de prêt de logement, le corbeau jette un mauvais oeil collabo sur le nid d’à côté. » Dubrovnik is not as before, people changed, they-re just thinking of having money, money, money »

Neven regrette le temps jadis où l’on vivait simplement dans le terreau sûr d’une tradition versant dans l’éloge des bonnes valeurs. Il en est physiquement atteint, l’échine courbé par la bêtise de la guerre et les vices de la course au fric ambiants, conduisant Dubrovnik dans la voie d’une décadence morale incontrolâble. « Les gens sont devenus mauvais » ; « sous Tito », nous explique-t-il « il était impossible de chercher à posséder plus qu’un autre. Le travail était distribué également pour tous, le chômage n’existait pas, chacun travaillait raisonnablement 4 à 5 heures par jour et tout le monde était content. Bien sûr, la liberté de pensée n’existait pas, mais l’état fonctionnait à peu près correctement, redistribuant les biens croates dans toute la Yougoslavie dans une certaine transparence budgétaire. »Avec une application désastreuse certes, comme ces usines construites n’importe où sans reflexion durable, mais dans une atmosphère générale plus détendue ».  il parle de cette dictature comme la meilleure politique dispensée ces dernières années. Avec ses talents de conteurs, il nous captive en nous parlant des déviances actuelles. Il peste  contre l Eglise impliquée localement dans de sombres affaires pedophiles ou des manipulations grotesques. « A l ecole, par exemple, ils emploient desormais des bonnes soeurs sans qualifications pedagogiques pour enseigner un catholicisme malade. Elles utilisent des versions simplistes de catéchisme, sans reflexions profondes. » Et ce certtainement pour renforcer le nationalisme croate et atiser la haine contre les voisins orthodoxes ou musulmans. Neven, qui s’est formé dans les livres et auprès de spécialistes sur la psychologie de l’enfant à l’éducation des siens se bat contre tout ce qui leur porte préjudice. Il a demandé un entretien à  l’évêque pour exprimer son désaccord, mais celui-ci a décidé d’adopter la politique de la sourde oreille.  (suite…)

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