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Archive for juin 2011

Le retour en France

Comme nous avions déjà mis 9 mois pour nous rendre du Mans à Istanbul, nous avons optés pour une solution de retour plus planante et bien moins fatigante.

Mi-mai, nous atterissons dans la campagne de Mulhouse (le vol Istanbul/Mulhouse via easy jet ne coute pas plus de 25 euros, en s’y prenant 2 mois à l’avance, mais nous ne sommes pas si fiers d’avoir participé à l’émission de CO2 ni d’avoir succombé à la facilité), nous pédalons jusqu’à Mulhouse, où Romain, un inconnu, attend que nous lui livrions les loukoums et le thé que notre hote d’Amasya lui fait parvenir par notre biais. Romain est bien sympathique, et pédale de son boulot pour nous réceptionner à l’autre bout de la ville, nous déjeunons, agréablement dans une pause matinale qu’il s’est attribué bien qu’overbooké et nous laisse récupérer de cette nuit blanche dans son lit, pendant que lui, fourmi, rempli sa besogne…

Les gens sont plutot souriants sous le lever de soleil alsacien lumineux et si propre. A la recherche d’une camionnette pour Sélestat, nous nous retrouvon malencontreusement sur une bretelle d’autoroute. Aie ! aie ! aie ! il nous faut sortir dare dare d’ici pour ne pas y trépasser. On rejoint une départementale, un brin isolée. 20 minutes plus tard, enfin, quelquun s’arrete, un étranger prêt à nous conduire sur sa route, quand Yannick me fait des grands signes, à proximité d’un fourgon de flicailles. Ils l’ont entre-temps drolement impréssioné par des questions inquisitrices « C’est bien vous qui étiez sur l’autoroute une demie-heure avant n’est-ce pas ? », »Dites-nous votre trajet pour arriver ici ? », « Donnez nous votre carte d’identité Monsieur ? » (à l’écrit, on les croirait trés convenables et polis, mais à l’oral, imaginez ces phrases dites avec une certaine hargne visant à déstabiliser l’interlocuteur). L’interlocuteur est bel et bien déstabilisé et avoue tout en bloc -bien qu’il n’ait pas été pris sur le fait et que le délateur ait sans doute fait faute, en téléphonant au volant de son véhicule. « Allez  ! rangez-vous là-bas qu’on vous verbalise ». « Bon, on est gentil, on ne vous met qu’un PV chacun, mais sachez qu’on aurait pu vous en mettre 4 ». Bonjour le retour en France ! On paie 22 euros chacun par diplomatie. Yannick raconte calmement notre histoire de voyage au long court et de retour en France au gendarme pour lui permettre de dévoiler son humanité -ils se font probablement agresser toute la journée et préfèrent commencer par le mode agressif toute conversation, mais bon, nous on n’est pas d’accord, en Turquie, pour un tel comportement dominant, ils auraient été couverts de honte, il ferait bien d’en prendre conscience, qu’il est impossible de vivre avec de tels rapports inhumains. Nous sommes des bleus qui manquons de répartie et d’argumentation face à ses fauves. On les quitte sans les remercier mais en leur souhaitant tout de meme une bonne journée pour ne pas les encourager à la négativité.

On rend visite à quelques chers amis que nous n’avions pas vu depuis belle lurette, ces moments de retrouvailles sont fort agréables…

La route vers Montargis commence par un camionneur charmant qui nous laisse sur une aire d’autoroute, un billet dans la poche. Puis par toute une série d’usagers des aires -d’autoroutes-, qui ne manquent vraiment pas d’airs et ne daignent pas répondre à nos bonjours -bien que nous fassions preuve de courtoisie dans un habillement presque de mode. Toute une partie des interrogés se permettent de mentir de manière éhontée à nous et pire, à eux-memes qui osant nous affirmer tout sourire, que non ils n’ont pas de place à l’arrière -que nous voyons, et qui sont VIDES, et narguantes !  Pourquoi ne pas dire tout de suite -« nous préférons ne pas prendre d’autostoppeurs » ? Sacrés pseudo bien pensants !…Ces négationnistes ne sont pas seulement des français, mais aussi des touristes hollandais,  belges, et anglais – ces européens de l’Ouest- qui vont profiter des atouts d’autres régions avec leurs complexes hoteliers ou campings où la sociabilisation a lieu suivant des codes bien agencés, ne les perturbant pas trop dans ce qu’ils sont, les confortant meme dans leurs comportements de gentils vacanciers inoffensifs et bien intégrés. Eh bien non ! Ils devraient avoir honte de ne pas prendre la peine de considérer l’humain qui fonctionne autrement, hors des sentiers battus. En Turquie, ils auraient été massivement condamnés pour leur manque de savoir vivre.  Rebonjour le retour en France !  Quel triste bain glacial où il va falloir faire preuve d’empathie pour survivre. 

La personne qui nous sort de cette autoroute  de l’Indifférence -au bout d’1h et demie d’infructueux essais- roule en décapotable et vit de ses rentes immobilières. Il a beau avoir une source de revenus douteuse qui lui permet de vivre un grand train sans travailler, il n’en est pas moins le plus honnete de toute cette bande de routiers. Une petite conversation dévoile sa conscience de lui-meme, avec tous les défauts de sa vie qu’il reconnait. Il est heureux de nous avoir rencontrés au moins autant que nous, dans cette décapotable, a lieu un beau moment d’échanges humain, et au delà spirituel. IL prend la peine, avec plaisir, de nous conduire quelques kilomètres hors de son itinéraire pour nous déposer au bon endroit. Nous sommes aux abords de Troyes… une femme qui sort de son boulot de réceptionniste et qui a quelques gosses qui l’attendent chez elle nous recueille à son tour pour nous déposer à l’autre bonne sortie, bien loin de son foyer, et encore, se désole de ne pas pouvoir nous aider davantage. De Troyes à Montargis, le jour tombe et personne ne s’arrete, sur la départementale qui nous conduit chez le frère de Yannick. Au moment où je pense passer une robe pour sensibiliser les chauffeurs à notre cause, un jeune camionneur enfrein cet interdi de prendre des stoppeurs pour nous donner un coup de main. Il n’aime pas sa France adoptive et encense l’Angleterre où tout était possible. Son frère -d’origine algérienne fait partie des malchanceux emprisonnés pour délit de faciès avec recel de 5GPS volés. Que dire de tous les grands mensongeurs politiciens qui exercent une sale politique en toute impunité et ne seront sans doute jamais inquiétés par leurs délits à grande échelles.

A Montargis, Xavier pêche (quoi au juste ?) depuis sa fenêtre pour le diner du soir. Le lendemain, nous intervenons dans sa classe pleine de jeunes français issus de parents turcs, déboussolés par leur double culture, parlant à peine le turc et n’en connaissant pas les codes sociaux, pour partager notre expérience de voyage au long court. Compte-rendu de notre intervention le lundi suivant : eh le prof a fait venir des hippies dans notre classe. Comme quoi une heure de discussions autour de notre voyage n’est pas suffisante, mais nous avons hate de développer des demies-journées de sensibilisation à cet apprentissage de la vie hors scolarité. C’est si important de montrer aux enfants qu’ils sont maitres de leur propre vie et que sortir du « moule » serait tout à leur avantage….  Et nous y travaillons désormais en Sarthe !

La réinsertion en France a lieu piano piano, avec un potager en cours dont chaque développement de pousses nous saisit. On s’occupe de perpétuer la vie avec beaucoup de soin et de plaisir… bientot on partira à la recherche d’autres « alternatifs » avec qui se serrer les coudes pour un quotidien plein de belles valeurs ancestrales -mais avec quand meme l’eau chaude et courante- à l’opposé de la vide société de consommation si facile et si laide.

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