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Archive for Mai 2011

A Amasya, on observe d un air sidéré le bus d’Erdogan -le 1er ministre- en campagne. Bien qu’il doive surement etre blindé, un sniper campé sur le toit du véhicule scrute les spectateurs curieux qui ont pointé le nez aux fenetres au son du « Iyi Günler » (le bonjour) du leader. C est le grand show. Des dizaines de voitures le précèdent et le suivent avec des hommes en noirs en parades, prêts a bondir, en diagonale des portieres avant de leurs bagnoles -mafieux ou homme de la sécu, ils semblent appartenir aux deux clans. On se croit dans un épisode des simpsons ou de south park, du surréalisme pur, d’autant plus après avoir entendu en boucle les chants partisans emis pendant des jours -sans compter les décibels- avec un camion electoral a l effigie d Erdo…de quoi devenir cinglé si on est retraite ou chomeur et qu’on a rien d’autre a faire que de se farcir les oreilles du ak ak ak ak parti.

Pourquoi ce sniper terrifiant qui semble viser les civils ? Erdogan a parait-il été victime d’un attentat le jour même, sur la route de Kastamonu. Info confirmée par les actu a la TV.

Le lendemain on reprend la route pour Istanbul. Comme cela arrive souvent le chauffeur nous prend un peu trop en affection et se propose de nous faire passer la nuit dans la cabine de son camion. Non merci, la vallée est splendide, on va planter la tente par là dans un petit village. Le chauffeur vexé, nous laisse au croisement de la route de Kastamonu (ca nous rappelle des souvenirs de l’été précédent). On s’enfonce dans la casabah -petite ville- avec l’espoir d’aller randonner le lendemain sur une des cretes alentours.

Le 1er villageois qu’on rencontre nous indique un coin neutre ou camper. Mais pas question de chauffer nos pates chez lui ou même d utiliser ses toilettes, il s’eclipse bien vite sous pretexte de nous ramener une bouteille de gaz. On cherche parmi les voisins quelqu’un de plus accueillant avec qui partager notre diner. Un peu apres le repas, deux flics debarquent de la nuit noire avec le souhait de nous poser quelque questions -qui êtes-vous ? que faites-vous ici ? et inspection de nos passeports. Quel accueil étrange, on leur demande pourquoi cette enquête, nous sommes deux touristes francais qui rentrons au pays, pas de quoi en faire une salade. Les flics retorquent que nous faisons connaissance tout simplement – ils sont bien sympas c est vrai, derriere toutes leurs questions. Ca vous dit quelque chose l’attentat d’Erdogan ? Oui. On cherche 3 ou 4 terroristes du PKK -les Kurdes rebelles- qui se cacheraient dans ses montagnes ci. Ils en font du foin, les montagnes sont grandes, on risque pas de les croiser en se promenant de ce côté la… mais non c est tres dangereux s indignent les deux gars. Bon, on va se coucher. Et les voila rebelotes qui nous taxent nos papiers pour les photocopiers cette fois. Et votre ami a Urfa, vous auriez ses coordonnees svp ? Non, on ne veut pas vous les donner, vous y allez un peu fort la. La nuit, on flippe quand meme pas mal en s’imaginant un etat qui aurait monté un attentat bidon -un policier tué et un blessé sous une bombe- pour augmenter sa popularité. Et si on commandait a ses terroristes de tuer deux touristes francais dans la foulée pour faire monter la sauce ? Yannick ne dort que sur une oreille, guettant l’eventuel tic tac de la bombe destinee a nous faire passer. Tandis que c est plutot la tension des voisins qui me preoccupe – on entend un coup de fusil tiré… en l’air ? Le lendemain une voisine nous invite a prendre un ptit dej en sa compagnie, et l on apprend que l attentat a eu lieu la, juste en bas, sur la route -et pas a plusieurs dizaines de km, comme on se l imaginait.

Bon, c est pas dans ce coin la qu on va s aventurer a randonner… On va 100 km plus loin. Ici, des petits villages a moitié vides, ou on se creuse le ciboulot pour ne pas qu on s installe. Il n y a pas d espaces libres (pardon, c est la pleine nature !). On n’a pas de couvertures a vous preter -parce que nous sommes passés soudainement de l’été au grands froids hivernaux. Allez plus loin, vous trouverez un lieu plus adapté pour vous accueillir. Vous n’avez pas de sous pour aller a l’hotel ? Mais vous etes des touristes. Serefsis -sans honneurs, pense-t-on. A la station service; un peu plus loin, sur la grande route, le patron -on est bien surpris- nous ouvre les portes d un pré-fabriqué. Au trajet précédent, Yannick avait percé le secret des camionneurs superbement manipulés pour se retrouver avec une prostituée et leur donner 30 euros. Il ne vaut mieux pas trop reflechir a quoi a pu servir ce lit degueu aux draps roses. En prenant le thé, on tate l ambiance de la station. Le patron est chtarbé -au moins autant que les vieux chauffeurs-. Regardez dit-il en sortant des petites pilules et en zappant sur la chaine téléachat -qui présente a cet instant des petites pilules… regardez ce sont les miennes ! Nous dit-il d’un air de zombi excité artificiellement. Autour de nous; ca hurle avec une energie electrique cai, cai, cai (thé, thé…) On s en prend 2 en compagnie du patron, qui nous a pris sous son aile. Sitot celui-ci parti que les caice -les vendeurs de cai- nous presente une note coquette de 8 liras -soit 2 lires par thé au lieu de 50 cents en temps normal. Mais c est le patron qui nous l offre ce thé, pas moyen pour eux de se mettre ca dans la tete. Ils se sont mutés en automates a faire des sous, impossible de penser sur un autre plan. Mieux vaut quitter cette ambiance malsaine de dingo. (Et la encore ce mec qui veut a tout prix nous emmener chez lui parce qu il a decouvert un autel avec deux grappes de raisins gravées dessus, et un autre avec un poulet géant dont il veut a tout prix découvrir le mystère avec notre aide). On se casse d ici avant de devenir fou a notre tour.

Nous voila de nouveau dans un petit village (5 familles). Est-ce qu on peut mettre notre tente ici ? Non, mais la, il y a des animaux qui passent. La -bas non plus, c est trop pret de la mosquee. En fait on se rend compte, qu au niveau de l accueil on a débarqué en Ombrie turque. Heureusement qu on a suffisament d experience. Apres moults discussions où nous expliquons que nous voyageons pour apprendre et decouvrir le monde, et que non, nous ne sommes pas des pauvres, apres celle ou on nous dit « On a une chambre pour les invités, mais pas pour vous, vous vous etes des étrangers », on fini par obtenir une couverture pour passer la nuit -c est que le vent est glacial et il gele la nuit. Tout le village vient voir comme on est installé et une dame bien grasse a l humour plus developpe que les autres fait remarquer que notre espace serait un peu petit pour qu elle s y glisse, par contre elle pourrait nous faire peur en jouant a l’ours pendant notre sommeil. Le lendemain matin, en voyant les photos de notre voyage, le pere-maire s exclame ah mais nous avons une chambre d’invités, revenez nous voir !

On finit le trajet en Renault 12 avec ste Fatoch qui recite des prieres pour notre salut et nous demande 50 liras pour l essence -10, ca n est pas assez geigne-t-elle. Son frere est finalement beaucoup plus croyant qu elle, et bien content qu on est animé leur voyage sans en demander plus…

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On devait bien finir ce trip par Sakartvelo -le nom georgien de la Georgie- le comble pour des cyclistes !

Meme si cette fois-ci, on a vraiment joué les touristes avec notre ami Fabien dit Le Colonel et notre cousine Laure -qui n’a pas peur de la boue, mais y a tout de même des limites.

Arrivés a Tbilissi, nous avons consacré des heures a la recherche de Georges, une ancienne connaissance de Yannick et du Colonel, un fondu de vélo. Yannick se rappelle  » İl y a 3 ans,  Georges avait son bouge la, dans Jérusalem », dit-il en désignant le vieux quartier de Betlemi (Bethleem). On retourne et laboure ce quartier nuit et jour a sa recherche dans l’indifférence totale de tbilissiens aisés qui ne se sentent vraiment pas concernés par notre affaire.  On ne s accorde du repos qu’une fois que nous sommes VRAİMENT K.O. quand Tina percute mon vélo en manoeuvrant sa jolie voiture neuve – un contraste dans ce pays de la défonce. Heureux accident ou l’on entre enfin en contact avec l’autochtone -fort sympathique et accueillant, on attend Tina et ses filles en France, a présent.  Elle nous conduit quelques semaines plus tard aux fêtes de Pâques, 200 m en voiture pour atteindre l’Eglise de Sioni – tout le beau monde avait sorti sa belle bagnole, le careme ne consiste apparemment pas a utiliser ses jambes….

Les lieux de cultes valent la visite. Les orthodoxes n ont rien a envier au rythme de genuflexions musulmannes, mais un peu a envier au culte juif voisin qui parvient a deblaterer la Torah deux fois plus vite que les prêtres orthodoxes n entonnent leurs saints. Dans la cathedrale de Mtskhta, les barbus preparent une potion magique melangée a l’aide d une grande croix en bois dans des chaudrons bouillonant a meme le sol de l ‘Eglise – il faut le voir pour le croire. Un peu plus haut dans l Eglise massive qui surplombe la ville, un autre curé fait les 400 pas au milieux de touristes georgiennes a peine couverte comme il se doit ( Apparemment Laure et moi on peut penetrer l intimité des lieux sans jupes pour cette fois-la).

Le rêve de Yannick , partir a l’exploration de contrées reculées. On trouve une route non asphaltée dans la montagne que même les policiers équipés de beaux 4×4 nous déconseillent.  Rien ne nous arrête. O verifie un peu plus loin ce qu’ils ont voulu dire. Après 4 heures de route dans un chemin défoncé, dans un paysage sauvage ou le cheval a plus sa raison d’être que la voiture, ou les kolkhoses fantomes evoquent le passé soviétique du pays on est recueilli par des ploiciers, qui décidément apprécient particuliérement de transporter des touristes français d’une vallée perdue a l’autre. İl y a trop d effectifs de bleus dans ce pays, qui se tournent les pouces et sont bienheureux de nous trouver pour agréementer leur journée. Le suivant, qui nous récupére d’une ville fantôme pour nous rapatrier vers la grande ville d’a côté, nous convient carrément a passer une nuit en sa compagnie, puis nous remet entre les mains de ses collègues Tbilissiens qui nous convoient d’une gare routière à l’autre pour le changement de Martshutka -le transport mini bus du pays.

Le rêve du Colonel : rendre visite  à Staline. A Gori, au milieu de la place Staline, devant le musée Staline – ou un masque funéraire mis en scène dans une délicate architecture 80’s est le clou du spectacle, on trouve carrément la maison familiale reconstituée -et pourquoi pas son chat- où Stalinou aurait fait ses premiers pas. A ce stade ci de la visite, le Colonel n’écoute plus la guide minimaliste -habillée pour se trouver un conjoint étranger, peut-être- il mitraille ses lieux sacrés, y compris le cadeau de la Chine au musée qui date d’il y a a peine quelques années , et le wagon blindé dans lequel il a voyagé, la couchette sur laquelle il s’est reposé, la baignoire dans laquelle il s’est astiqué… et cette moquette de gala qui tapisse les lieux et que la guide dégrade avec ses talons aiguilles, remarque Laure, toujours les pieds sur terre.

Dans les foyers, nous sommes bien realimenté en vin – du nouveau aprés le thé turc. Malheureusement, ce breuvage largement produit n’est pas consommé modérément par la gente masculine. Pauvres femmes qui subissent la déchéance de leurs maris bourrés… Pas d’emploi dans ce pays, alors il faut bien oublier l’inactivité, les voitures qui ne tournent pas parce que l’essence coute trop chere, l’eau qu’il faut préalablement chauffer sur le poele, si poele, il y a….et c’est qu’il fait bien froid dans ce pays, ce n’est pas la Syrie.

Le rêve de Laure et Florence : se refaire une beauté aux bains sulfureux apres une journée shopping où l’on détecte enfin les habiletés artisanales des émailleurs du cru (Ah les belles bagues !). Aux bains sulfureux, aux particules flottantes suspectes, une mamie se met a poil pour nous masser. Elle nous retire notre crasse avec son gant de crin qu’elle rince dans notre bain ensuite ! Ah qu’on se sent bien et qu’on a la peau douce ensuite ! Quelle belle journée pluvieuse….on peut la terminer au théâtre de marionettes de Gabriadze -un art par ici, avec les danses folkloriques et les chants polyphoniques, pas de quoi s’ennuyer !

Apres le départ de nos compères, nous repartons dans la boue montagneuse faire cocogne avec les dizaines d’oeufs de Pâques rouges qu’on nous offre sur la route. Un recteur distingué nous prends en stop troublant ainsi ses habitudes aristocratiques. Nous sympathisons avec sa tribu planant sur une autre planete, et sommes les bienvenus dans sa demeure d’été qu’il n’occupe pas en hiver. Son frère était champion d’escrime dans l’équipe soviétique, lui aussi il aime l’escrime….Un peu plus loin c’est un boxeur olympique qui monopolise l’attention de Yannick par des paroles énergiques -d’agressivité contenue qui font dresser les poils du dos-, visant a montrer qu’il est quelqu’un, qu’il en sait des choses, pleins, comme par exemple que les bords de mer sont pleins de loups sauvages et qu’on est bien mieux a l’intérieur -ne pas le contredire surtout. C’est ainsi qu’on repart pour la Turquie, quittant les beaux arbres du littoral géorgien pour un paysage détruits par l’autoroute chez les musulmans. On s’est remis a l’ayran -yaourt liquide-, puis de nouveau au vin, chez notre hôte exilé marocain !

Nous rentrons en France le 16 mai, par Mulhouse….

A bientôt !

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