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Archive for the ‘Mer Noire’ Category

Un matin, nous croisons une vieille vachère qui va mener ses bêtes à paître. Nous avons élu son village, près de Kastamonu, pour un temps de repos. Jadis arménien, il fut racheté par les voisins turcs qui eurent à essuyer quelques incendies au début des années 1970. Les Arméniens avaient deja émigres vers des lieux plus cosmopolites, en ville ou a l’etranger. Deux familles habitent désormais ces vieilles maisons en torchis et bois rénovées. Apres un jour d’accueil généreux en sourires et en ravitaillement victuailles, nous demandons a l’oncle, professeur d’anglais de notre age, quelles impressions notre voyage incongru laisse dans les esprits sedentaires autochtones. ‘For them, it’s a bit ridiculous ‘, car ils ne connaissent du monde exterieur que Kastamonou. Notre voyage est le fruit d’avancées et de problèmes sociaux qui concernent la France et dont ils n’ont bien entendu jamais entendu parler. Eux, vivent au rythme de leurs vaches, travaillent pour vivre, l’idée d’apprendre a se connaître soi-meme et a prendre du recul sur l’environnement dans lequel ils ont grandi leur est absolument etrangere…

 Pour nous aussi le décalage de comprehension est parfois violent. Lorsque les gens nous parlent, ils nous font sentir dans une impossibilité de concevoir notre voyage qu’il est aberrant pour Yannick d’embarquer sa femme dans un si long periple. İls ne mesurent pas pour la plupart d’entre eux, la duree et les epreuves que nous avons affrontes. Certains d’entre eux ne me considerent pas comme une personne a part entiere, ils ne peuvent pas s’imaginer ce que j’ai entrepris.

Dans une petite bourgade des montagnes, nous nous etions installes un peu a part devant une ecole desaffectee. Nous campions alors pour un temps indetermine en vue de se remettre de nos infections respectives. En peu de temps, nous avions sympathises avec l’imam, qui nous apportait regulierement sa bonne humeur et les fruits de son jardin. On parlait de sa voix, qui sonnait bien au moment de l’appel a la priere, du ramaddan qui bat son plein et du cafe bu le matin dans le jardin de la mosquee. Pour le remercier de ses bons soins, Yannick concocte un far breton hors pair chez les voisins. Le soir meme, l’imam se fait insistant pour connaitre davantage de details sur notre depart. Le ventre liquide ne nous permet pas de donner ces precisions, nous ne pouvons pas partir tant que nous sommes en miettes. ‘ Parce que si vous restez trop de temps, la police pourrait venir’. Ce village comporte tout au plus 5 familles, avec qui nous entretenons d’excellentes relations. ‘Qui va appeler la police ? Vous ?’ ne puis-je m’empecher de demander a l’imam, en colere. Cet homme apres tout bien courageux – qui a du etre manıpule par sa femme qui ne connaissait pas notre histoire-, s’est excuse d’avoir mis la police en jeu, nous a couvert de cadeaux toutes les 4 heures et pries de rester davantage. Nous etions fort surpris que quelqu’un de si amical suggere de nous virer de son bled comme des malpropres. Mais nous avons mesure le decalage de nos histoires, qui avaient succombe sous la fatigue de la repetition des rencontres, ou toujours il faut s’expliquer.

A present, nos hotes du jour sont fort comprehensifs et interesses, plus que la normale. Nous profitons de leurs petits enfants d’adorables gredins. Mais il n’est pas possible d’etre seuls, dix personnes nous observent pour apprendre a nous connaitre et cela dure des heures. Pour apprendre la patience, nous vous proposons un stage quand vous voulez !

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De Kurucaşıle ou notre famille nous a rejoint…

Manque de pot, ces quelques jours de ravitaillement affectifs ont ete brouilles par de traitrises infections urinaires et autres dont vos cyclistes furent les victimes. İl faut dire que lorsqu’on « pause », le corps, l’esprit et les anticorps se détendent par contraste avec le « poussage a tout » quotidien. İl ne s’agit pas seulement d’un repos vélo mais aussi d’une relâche de tous ces investissements, l’apprentissage de la langue étrangère et l’apprivoisement -reciproque- avec l’hôte et les autochtones en general qui demandent  beaucoup de patience et de concentration. Lors d’un arrêt prolonge, le corps revele ses faiblesses. Les articulations se rouillent, la musculature ou la non musculature par endroit (comme au vaste interne, a l’intérieur du genou et au bas du dos) est douloureuse et les dents crient « gare au sucre ». On croit s’en remettre après quelques siestes salvatrices, mais le mal est malheureusement proportionnel aux efforts, inscrits dans la durée. Avec un corps de grabataire qui nous confine a la literie, le moral  touche au fond, on traverse une phase de déprime obligee. İmmanquablement a chaque semaine de sédentarisation, l’un d’entre nous subit ces symptômes. Si bien que le repos est aussi fatigant a encaisser que le reste du voyage.

Cette fois-ci, nous sommes desole d’accueillir notre famille dans un état raplapla lamentable. L’un après, l’autre, nous sommes contraints de rester alités par extrême fatigue, diarrhée, maux de têtes et encombrements divers. Bienchanceux d’avoir une famille compréhensive et soutenante dans ces moments de déliquescence difficiles. İls sont aux petits soins, on en profite, mais on regrette tout de même de leur imposer des vacances 3e age. Encore une semaine de repos sera nécessaire avant que vos aventuriers ne repartent à l’assaut des Hittites.

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