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Archive for juillet 2010

Puisque Julien et Kevin- ami notoire de Yannick et son compagnon- sont venus nous rejoindre avec l’idée d un fol périple Istanbul/Antalya en 3 semaines -un millier de kilomètre au moins, nous avons ete quelque peu contraints -avec plaisir pour un passage en legerete- de prendre des grands axes en auto stop. Le camion stop est un sport très praticable dans ces contrées bien fournies en pıck up et en poids lourds, nous permettant d’enchaîner les routes entre Yalova et Turgutlu en passant par Bursa -l ancienne capitale Ottomane et Pergame, l ancienne grande cite grecque, pille par les allemands. Ainsi, nous avons découvert qu ‘en Turquie se pratique une culture de la route hors pair, qui consiste pour le chauffeur à partager le plus de temps possible avec son passager occasionnel.  Il nous propose de s arrêter tous les 50 kilometres, pour boire un thé, manger un morceau ou acheter de l’eau. Offres que nous declinons bien souvent, car traîner dans les transports en commun, c’est bon pour les parisiens, ca, pas pour les aventuriers. Ces rencontres sont parfois surprenantes. Nous découvrons la culture locale et apprenons a identifier les gens cingles, discrets au premier abord. Un conducteur très obsede, nous confiait qu’il est facile de « se faire des iraniennes, il suffit seulement de payer la chambre d’hôtel ». » Y a-t-ıl beaucoup de françaises en France ? Je ne m’intéresse qu’aux petites jeunes de 20 ans » dit-il du haut de ses 50 balais. Vous imaginez mon mal-aise ?

Il a fallu un temps d adaptation inconfortable pour réaliser que si les hommes d’ici ne m accordent pas un regard ni ne me serrent la main, il s’agit d’une marque de respect-ne pas violer du regard. Les femmes agissent d’ailleurs de même envers les hommes -peut-etre davantage parce que les relations inter sexe sont très séparées. Au début, imaginez comme dans les milieux masculins, cela est déroutant de se voir mise au ban, on se sent drôlement paria. Une seule issue ici dans les familles de cette culture-la -car tous n’agissent pas de la sorte, cela dépend de leur éducation, dıversıfıee en Turquie- penetrer le milieu des femmes. C’est ce qui m arrive malgré moi, dans un petit village du bout du monde ou  je suis seule pendant que Yannick et ses amis s’attaquent sportivement a la montagne environnante. Le décor est splendide, un brin arizonıen dream et je m’eclipse en fait bien rapidement pour méditer tranquillement. Les femmes sont gentilles et m’entourent de leurs bons soins, lavent mon linge dans leur machine, m’invitent a dormir avec elles et a manger tout au long de la journée. Entre elles le foulard tombe, comme un accessoire de mode laisse de cote. L’une d’entre elle me pince la joue comme si j’avais trois ans, je dois faire la moue, je crois. Au village, personne ne comprends pourquoi je me suis esquivée sans prévenir. Je tente une explication sur les différences culturelles, ou  alaturqua c’est toujours tous ensembles et un peu lourd pour une voyageuse au long court qui vient de contrées alafranca, ou l’ındıvıdualısme permet de méditer tranquillement dans son coin.

Il faut dire que nous sommes sans cesse sollicités. Pas moyen de se reposer à l’ombre d’une mosquée sans être envahit par une horde d’enfants curieux, repetant sans cesse « What’s your name », gentils mais bien trop nombreux et imposants, il nous arrive désormais de les fuir comme la peste. On trouve aussi de ces hommes paternalistes ou trop concernes qui étudient avec soin notre route sans que nous ne leur ayons rien demander et émettent leurs avis, nous retenant trop longtemps pour nous conseiller des itineraires inadaptés de grandes routes. Si nous penetrons dans un foyer, nous sommes certes choyes, on nous invite souvent a boire des tchai et a grailler, mais en contrepartie, on nous prend pour une attraction. Il nous faut nous mettre en représentation, poser pour d’interminables séances de photos souvenirs et répondre a quantité de coups de téléphone donne par nos hôtes aux amis et a la famille pour témoigner de la présence d’un touriste au village. Pas facile de recharger les batteries dans ces harcèlements psychologiques qui ne nous permettent pas d’être seuls.

Phénomène intéressant, il nous arrive d’être accueillis par des turcs français ou des turcs allemands de retour au pays le temps des vacances. Les rapports de migrations s’inversent. Eux qui connaissent souvent des difficultés d’ıntegration dans les pays d’accueil sont à présent dépositaires des clefs de la culture turque, nous sommes en position d’apprentissage, leurs hôtes proteges, partageant pour un moment cet à cheval culturel dans le sens inverse du leur. Nous évoquons ensembles des villes et des coutumes occidentales lointaines, et eux sont contents de l’intérêt que nous portons a leur culture, d’accueillir des français chez eux qui les reconnaissent comme français ou allemands -l’humour nous est commun, quel plaisir. Ahmet de Charlevılle Mezıere nous apprend qu’un mois passe en Turquie équivaut a 7 mois en France, car ici il faut satisfaire, les amis et les voisins en repas continus tout au long de leur séjour et cela coute très cher.

Les turcs des campagnes travaillent d’arrache pied dans les champs. Pour certains la nuit même, car la journée le soleil de plomb brûle et liquéfie. C’est la saison des récoltes. Nous pedalons d’une chaîne de montagne a l’autre entre Turlugtu et Denizli, appréciant des paysages diversifiés marques par une aridité estivale. Pour se rafraichir lors des pauses, on enchaine les ablutions a la mosquee. (Pourquoi en France ne peut-on pas avoir un acces a l’eau si simple alors que nous sommes mieux pourvus ? )

Apres l’exploration de le greco-romaine Bergame et de l’Ottomane Bursa, nous avons fait un tour du cote du Pactole et de la splendeur du roi Cresus, a Sarde, dont il reste éparses des restes de grands monuments romains, dont un magnifique Gymnase, rénove comme dirait Kevin a la façon d’une salle de bain kitsch. On devine la splendeur romaine passée quelques siècles après Cresus. A Dikili,cote sauvage pleine de petits pavillons construits sauvagement, nous degueulons la cote Egenne touristique, sans avis de preservations. Nous soupconnons quelque peu la mafia immobiliere d’avoir pris sa part, mais Egemen (homme de la mer Egee), notre hote Turko-Kurde nous remet les pendules a l’heure. Il est vrai que les rapaces visent plutot les hotels de luxe que les maisons haricots.

Pour l’heur nous avons quelques étapes du Tour de France a rattraper et un immanquable retour a Istanbul pour retrouver la famille qui s’y rend au 3 aout.

Bon ete a tous.

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Samothrace, la d’ou vient la Victoire qui siège au Louvre. Une très grande stoa avec vue sur la mer au milieu d’antiques édifices. Le marbre le plus remarquable est grave du nom de Philippe, un des arrıere-rejetons d’Alexandre qui fît bâtir le sanctuaire. Notre apprenti archéologue américain, en charge de reconstituer les lieux en animation 3D, nous promène avec un mot pour chaque lieu marquant. Les archéologues présents depuis 30 ans reviennent chaque année d’une université géorgienne, unıted states, financée par Coca Cola, nous partageons un repas grec ensemble.

A Terma se trouve un  très grand camping gratuit. Tout au bout, notre petite tente est refugıee sous un platane cyclope colossal, comme il y en a beaucoup dans cette partie de l’île. Ils grandissent leurs troncs creuses et bulbeux pour donner forme a une féerie locale. Le soir, nous flambons un feu de bois flottes sur les galets, pour cuire nos lentilles avec un ajout d’eau de mer. Au saut du lit, la mer nous prend dans sa liberté d’apesanteur et dans sa douce température. Quelques brassées pour mieux prendre recul sur l’imposante montagne de Samothrace et voir le temps qu’il fait, la-bas sur le continent et sa cote difficile ou nos roues ont laissé leurs traces. Les cascades d’eau thermale qui coulent depuis 1600m d’altıtude provıennent des profondeurs de la terre et s’organısent en bassins réguliers, piscines glacées dans laquelle nous rafraichissons le linge et nous-meme et la peau adoucie s’en souvient. Pour partır en vacances nous avions joue un peu de saxo et de guitare devant l’embarcadère, ce qui nous a permi de collecter suffisamment de sourires et d’euros pour aborder les lieux plein d’optimisme. Maıs nous tombames malades l’un après l’autre comme cela arrive parfois au cours d’une pause un peu prolongée. En juillet ce paradis se rempli d’étudiants en quête de nature, plein d’instruments de musiques, saturant certaınement l’île et nous faisant passes pour des touristes quelconques. Aussi le 30 juın marqua la fin de cette détente…

40 kilomètres de route nous conduırent à la frontıere greco-turque depuıs Alexandroupolı. Une frontière bıen gardée par des militaires des deux bords jusqu’au trait de séparation frontalier symbolique au milieu du pont (la les Turcs sont sérieux, mais les Grecs plutôt occupés a téléphoner ailleurs). Nous parlons aux camionneurs et aux caravaniers, qu’un brave puisse nous prendre en auto-stop pour parcourir les derniers 200 et quelques kilomètres. Un Kurde accepte mais tout d’abord, il doıt paye un bakchich, corrompre le douanier en lui glissant 200 dollars, pour qu’il puisse passer avec sa cargaison de machines a coudre nous dıt-il. Depuis la Grande Bretagne il approvisionne son entourage en tondeuses, rasoirs electriques, aspirateurs… tout cela avec juste un salaire de déménageur, alors arrêtons de dire que « nous n’avons pas les moyens » lorsqu ıl s’agit de questions de sous.

Il nous dépose a Istanbul, Fatih, comme une fleur. Tout s’est boutılle a la dernière minute et nous n’avions pas ou loger ce soır-la. En se promenant dans Sultanamet, un poète nous rencontre et nous invite a crecher chez lui, souriant, heureux, enfantin. Ces cousins sont de la même pate. Ils nous explıquent qu’ils travaillent dans un magasin de tapis, a deux pas de la Mosquee Bleue, a dix, en famille et qu’eux sont les rabatteurs, ceux qui opèrent dans la rue pour emmener le client vers le stock. Le lendemain est plein de faux-plans, une sorte de course poursuite a travers la ville a la recherche du consulat de Syrıe, ferme quand on arrive, après un paquet de dénivelés, et du Forum social européen qui a lieu dans une université, mais en fait non…. Quand on finit par la dénicher toute belle au milieu d’un quartier délabre de pauvres gitans, on s’aperçoit qu’il ne s’y passe rien. Un Turc très sympa nous conduit avec deux Suédoises égarées dans un autre campus, incroyablement riche ou nous assistons vaguement a la remise de diplômes. C’est 20.000 dollars l’année ici pour pouvoir étudier, cela me semble profondément injuste, ferme sur un monde bien trop propre ou tout est beau. Maıs maintenant je vous écris de l’université publique avec vue sur le Bosphore qui vaut bien l ‘autre.

Depuıs deux jours Zeynep nous guide dans la culture locale. Aujourd’hui elle m’apprend que tout petit enfant a un oiseau, que c’est très courant en Turquie, qu’ils parlent, qu’ils sont très sentimentaux et peuvent se suicider par amour pour un autre. Elle les connaît bien puisqu’ils volent dans sa maison d’enfance, qu’ils mangent a table comme tout le monde. Je joue de la flûte  -notre nouvelle acquısıtıon- et il se met a chanter, je pensais que les  oiseaux en cage étaient comme mort, mais le contraire vient de m’etre dit. Pour remercier les concierges de garder si bien nos bécanes, nous leur apportons notre gâteau maison, il faut le mettre dans un plat et qu’ils nous rendent plein (d’un met qui soit le leur) sinon cela est très impolis. Nous nous déplaçons du 7e au rez de chaussée juste pour eux, plutôt qu’a l occasion d un déplacement, en partant par exemple, pour leur être plus sympathiques. Peu de femmes ont ici les épaules nues et les genoux a l’air libre, contrairement a ce que j’imaginais. Et par cette chaleur, on plaint les plus couvertes.

Nos prochaines aventures se tiendont en Turquıe, Syrıe, Jordanıe et Egypte.

A bıentot.

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