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Posts Tagged ‘Histoire’

Chere famille,

İl n’est pas question de s’enfoncer dans la foret primaire, par ici… un geographe qui n y connait rien signale qu il s agit plutot ici de steppes. Mais quelles steppes ! Des steppes montagneuses, de haute altitude narguees par le barrage Atatürk sur l’Euphrate, celui qui retient plein d’eau de la Syrie. Nous avions camion stoppe jusqu’a Malatya dans les horizons Kurdes. Nous prenons a present la tangente des gros axes pour le chemin de service. Celui qui nous fera attaquer 1000 m de denıvelees en une dizaine de kilometres, sous 37,5 C sans un pet d’arbres a la ronde pour les bleds de Çayköy, Pütürge, Doğanyol et le fameux Nemrut Daği Millipark a 2150m d’ou parait-il on voit aussi bien le lever que le coucher du soleil et autres vestiges archeologiques, d’apres nos infos en direct. Ensuite par Siverek, nous mettrons cap vers Urfa, que vous ne pourrez identifier que sous le nom de Sanlıurfa,ville multireligieuse, que nous atteindrons dans deux a trois semaines. Apres quoi, la frontiere la plus courte pour la Syrıe a a voir avec se laisser couler dans l’Euphrate. Aussi peut-etre retrouverez vous vos heros sur une embarcation fluviale combattant les reptiles sauriens patogeant dans l’antique fleuve.

Et encore…

Nous perfectionons nos connaissances astronomiques en adoptant la constellation du cygne, qui se promene dans la voie lactee.

La frequentation des camionneurs, c’est fini, et maintenant on peut vous le dire, au-dela de dıx ans de metıers, ils deviennent facilement chtarbes a silloner les routes. Mais ils n’ont pas eu peur d’attacher nos velos a l’arrıere de leurs remorques, de bavarder avec des etrangers qui balbutient le turc, ni de nous offrir des tchai.

On decouvre que les Halevi sont une branche musulmanne qui ne fait pas le jeune de ramaddan. Quelqu’un peut-il nous en dire plus sur leurs rites ?

Les Hittites sont vraiment tres forts en maconnerie costaude, maıs la encore, personne n’a pu nous eclaırer sur leur relation avec les phrygiens ni les details de leur attaque osee sur les terres de Ramses 2.  On compte sur vous pour le documentaire complementaire. Tout ce qu’on a pu faire fut de sympathiser avec les artisans et gardiens de sites locaux en jouant de la musique pour les cars de touristes –les turcs sont genereux mais les japonaıs descendent comme ils repartent, dare-dare. İl y a aussi eu un docteur touriste italien qui a analyse les analyse urinaıres turques de Yannick pour diagnostiquer que les antibiotiques pris etaıent bıen les bons, que pour l’instant il n y a pas a s’en faire pour la sante, le rapatrıement n’est pas pour tout de suite.

Pour les specialistes, les sites archeologiques turcs ressemblent un peu trop a des demeures bourgeoises amenagees : allees dallees bordees par des parterres de fleurs et des petits lampadaires, grilles d’entrees en fer forge mauvais gout, et surtout, coulage en ciment barbare sur les vestiges archeo pour de fausses consolıdatıons ou reconstitutions, remplissage a la va vite de murs avec des pierres trouvees dont on ne sait quoi faire, et j’en passe. Pas de musees visités encore, ou fermés. Dino de Syracuse nous manque, lui qui caressait du regard les belles statues grecques en nous les exposant.

A bientot pour un nouveau compte perdu,

Florence

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Samothrace, la d’ou vient la Victoire qui siège au Louvre. Une très grande stoa avec vue sur la mer au milieu d’antiques édifices. Le marbre le plus remarquable est grave du nom de Philippe, un des arrıere-rejetons d’Alexandre qui fît bâtir le sanctuaire. Notre apprenti archéologue américain, en charge de reconstituer les lieux en animation 3D, nous promène avec un mot pour chaque lieu marquant. Les archéologues présents depuis 30 ans reviennent chaque année d’une université géorgienne, unıted states, financée par Coca Cola, nous partageons un repas grec ensemble.

A Terma se trouve un  très grand camping gratuit. Tout au bout, notre petite tente est refugıee sous un platane cyclope colossal, comme il y en a beaucoup dans cette partie de l’île. Ils grandissent leurs troncs creuses et bulbeux pour donner forme a une féerie locale. Le soir, nous flambons un feu de bois flottes sur les galets, pour cuire nos lentilles avec un ajout d’eau de mer. Au saut du lit, la mer nous prend dans sa liberté d’apesanteur et dans sa douce température. Quelques brassées pour mieux prendre recul sur l’imposante montagne de Samothrace et voir le temps qu’il fait, la-bas sur le continent et sa cote difficile ou nos roues ont laissé leurs traces. Les cascades d’eau thermale qui coulent depuis 1600m d’altıtude provıennent des profondeurs de la terre et s’organısent en bassins réguliers, piscines glacées dans laquelle nous rafraichissons le linge et nous-meme et la peau adoucie s’en souvient. Pour partır en vacances nous avions joue un peu de saxo et de guitare devant l’embarcadère, ce qui nous a permi de collecter suffisamment de sourires et d’euros pour aborder les lieux plein d’optimisme. Maıs nous tombames malades l’un après l’autre comme cela arrive parfois au cours d’une pause un peu prolongée. En juillet ce paradis se rempli d’étudiants en quête de nature, plein d’instruments de musiques, saturant certaınement l’île et nous faisant passes pour des touristes quelconques. Aussi le 30 juın marqua la fin de cette détente…

40 kilomètres de route nous conduırent à la frontıere greco-turque depuıs Alexandroupolı. Une frontière bıen gardée par des militaires des deux bords jusqu’au trait de séparation frontalier symbolique au milieu du pont (la les Turcs sont sérieux, mais les Grecs plutôt occupés a téléphoner ailleurs). Nous parlons aux camionneurs et aux caravaniers, qu’un brave puisse nous prendre en auto-stop pour parcourir les derniers 200 et quelques kilomètres. Un Kurde accepte mais tout d’abord, il doıt paye un bakchich, corrompre le douanier en lui glissant 200 dollars, pour qu’il puisse passer avec sa cargaison de machines a coudre nous dıt-il. Depuis la Grande Bretagne il approvisionne son entourage en tondeuses, rasoirs electriques, aspirateurs… tout cela avec juste un salaire de déménageur, alors arrêtons de dire que « nous n’avons pas les moyens » lorsqu ıl s’agit de questions de sous.

Il nous dépose a Istanbul, Fatih, comme une fleur. Tout s’est boutılle a la dernière minute et nous n’avions pas ou loger ce soır-la. En se promenant dans Sultanamet, un poète nous rencontre et nous invite a crecher chez lui, souriant, heureux, enfantin. Ces cousins sont de la même pate. Ils nous explıquent qu’ils travaillent dans un magasin de tapis, a deux pas de la Mosquee Bleue, a dix, en famille et qu’eux sont les rabatteurs, ceux qui opèrent dans la rue pour emmener le client vers le stock. Le lendemain est plein de faux-plans, une sorte de course poursuite a travers la ville a la recherche du consulat de Syrıe, ferme quand on arrive, après un paquet de dénivelés, et du Forum social européen qui a lieu dans une université, mais en fait non…. Quand on finit par la dénicher toute belle au milieu d’un quartier délabre de pauvres gitans, on s’aperçoit qu’il ne s’y passe rien. Un Turc très sympa nous conduit avec deux Suédoises égarées dans un autre campus, incroyablement riche ou nous assistons vaguement a la remise de diplômes. C’est 20.000 dollars l’année ici pour pouvoir étudier, cela me semble profondément injuste, ferme sur un monde bien trop propre ou tout est beau. Maıs maintenant je vous écris de l’université publique avec vue sur le Bosphore qui vaut bien l ‘autre.

Depuıs deux jours Zeynep nous guide dans la culture locale. Aujourd’hui elle m’apprend que tout petit enfant a un oiseau, que c’est très courant en Turquie, qu’ils parlent, qu’ils sont très sentimentaux et peuvent se suicider par amour pour un autre. Elle les connaît bien puisqu’ils volent dans sa maison d’enfance, qu’ils mangent a table comme tout le monde. Je joue de la flûte  -notre nouvelle acquısıtıon- et il se met a chanter, je pensais que les  oiseaux en cage étaient comme mort, mais le contraire vient de m’etre dit. Pour remercier les concierges de garder si bien nos bécanes, nous leur apportons notre gâteau maison, il faut le mettre dans un plat et qu’ils nous rendent plein (d’un met qui soit le leur) sinon cela est très impolis. Nous nous déplaçons du 7e au rez de chaussée juste pour eux, plutôt qu’a l occasion d un déplacement, en partant par exemple, pour leur être plus sympathiques. Peu de femmes ont ici les épaules nues et les genoux a l’air libre, contrairement a ce que j’imaginais. Et par cette chaleur, on plaint les plus couvertes.

Nos prochaines aventures se tiendont en Turquıe, Syrıe, Jordanıe et Egypte.

A bıentot.

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Avec nos seules notions de serbo-croate pour comprendre le Bulgare, nous mettons un certain temps a réaliser qu ici pour dire oui, on bouge la tête de droite a gauche et pour dire non de haut en bas, l inverse du français en somme. Mais leur merci, lui, nous est bel et bien familier.Cela nous rend les habitants très sympathiques.

Une petite frontière Serbe, nous offre une route peu fréquentée. En pleine campagne, au milieu de nulle part un monument aux morts surdimensionne, vestige du communisme, annonce la couleur d un temps révolu, qui fut un jour pourvu en infrastructures (usines, écoles…) aujourd’hui entièrement délabrées. Les industries minieres de Bobov Dol, aux batiments immenses et tous fracasses, pipe-line dans les hauteurs, pans de montagnes creuses et poulies gigantesques, temoignent de cette grandeur passee. Serait-ce donc cela, la jeune Europe, du delave a la population non moins vieillissante qu’en France. La contribution de l’Union européenne, est apparente dans les routes, qui rendent bien, dans les grands axes frequentes, il s’entend, ceux qui gravitent autour de Sofia pour mieux mener les citadins aux sports d’hiver du Pirin. Le système de tri pour les déchets, récemment mis en place évite de nombreuses décharges sauvages comme ailleurs, dans les Balkans. Et l’euro, en transition avec le Lev, la monnaie locale qui vaut deux fois moins et qui encombre bien les gens.

Une famille de gitans, comme il y en a tant, occupant une partie démunie de la ville de Tran nous héberge une nuit. C’est la grand-mère, ou plutôt l’arrière grand-mère a 70 ans qui nous convie de partager son abri de fortune, une cabane deux pièces, de conte de fée, toute rafistolée de cartons et décorée de vieux papiers peints et de photos de famille soigneusement découpées et encadrées. Bonjour l hiver dans cette baraque ! A cote, ils habitent tous ensembles, la fratrie de 3, leurs conjoints, leurs petits enfants en bas age et leur mere, dans trois/ quatre pièces, avec la cuisine en commun. La plus jeune maman a 19 ans et encore une tête d’enfant. Tous rayonnent, affichent de beaux sourires généreux, parfois bien édenté, qui font pétiller leurs yeux. Malgré de très modestes conditions de vie, on sait être heureux par ici et tellement respectueux qu’on a du mal a croire a la réputation voleuse des gitans. Yannick profite des talents musicaux de Ratcho sur son synthe de fortune, pour initier une jam session post étape.

Les cigognes doivent connaître les frontières. Elles ne font pas leur nid en Serbie, mais ici, sur les poteaux a plate-forme des villages. Dans le Pirin, la chaîne de montagne ou nous nous trouvons, nous avons recense cinq nids pour un bled. On les observe, ces grands oiseaux de compagnie. Les oisillons ont grandi, ils ne laissent plus de place pour les parents au nid. Bientôt, ils prendront des cours d’envol -il doit y en avoir qui se ratent parfois de ces 6 metres de haut. Et parait-il, a la saison des migrations, le ciel se couvre de cigognes, éclipse de passage qui marque la fin de la saison chaude pour un hiver bien froid.

L’économie jardinière, l’élevage d’une vache et de quelques poules, pourquoi pas d’un porc permettent de faire vivre les familles toute l’annee (y compris les enfants qui se retrouvent en ville, en HLM). Le jardin d’agrément n’existe pratiquement pas, le potager prime, tomates,petits oignons blancs, courgettes, haricots pour le passoul, quelques salades, beaucoup de persil et un peu d’anis. On fait des conserves, car en hiver, rien ne pousse sous la neige, les vitamines sont bien rares. On nous sert des beignets de pain, au petit-dej, et le soir des oeufs, sous forme d’omelette aux oignons, du jus de concombre a l’anis, au mieux des préparations de l’été dernier a base de tomates, occasionnellement du poulet aux patates et du fromage, toujours un peu le même a mi-chemin de la feta et du fromage frais. (Mais jamais de pâtes, comme quoi, leur internationalité est limitée). On attend avec hâte de voir poindre les premiers légumes murs, tellement l’hiver fut depourvu de vitamines. Impatients, les bulgares comme les Kosovars, mangent les prunes vertes comme des bonbons.

Dans ce pays survivant du communisme et  sans emploi, nous sommes choqués de l arrivée du capitalisme et de ces pubs manipulatrices et répétitives sur la route qui nous mène vers la station de ski de Bansko. On y vante les qualités d’hôtels 4 etoiles, que seuls de riches européens peuvent s’offrir, un club de golf ultra chic, des publicités pour des marques de vêtement de friqués… d’ailleurs, la route est fréquentée par de belles voitures neuves, voire des 4×4 de pacotille pour les nouveaux riches locaux. Vie facile de consommateurs, offense sans nom pour les gens de tradition du cru qui vivent avec les moyens du bord, estime-t-on. A Bansko, jolie ville ancienne tout n’a pas ete corrompu. Partis pour planter la tente, nous sommes invites par un couple a dormir dans l’espace hôtel de leur maison a titre d’amis. Un geste bien rare pour des commerciaux de l’hôtellerie qui nous fait d’autant plus plaisir.

Les mamies du Pirin nous réjouissent de leurs pantalons bouffants et de toutes ces couleurs vives reparties anarchiquement sur leurs chemises et foulards. Le travail des champs, en action a cette époque, sous un soleil de plomb, a du faire vieillir prématurément cette femme de 55 ans qui en parait 70. A l’ombre des vignes a rakia -l’alcool fort local, organise en treillis au dessus des têtes, on se retrouve pour une pause café, a l’abri de l’été. Ide bre, comme on dit par ici, nous nous apprêtons aujourd’hui a passer le col qui nous sépare de la frontière grecque, destination Drama et Xianti, toujours dans les montagnes ou l’on peut encore respirer.

Un mot subsidiaire santé, Yannick fait pâlir les chapes de beton avec ses maux de tête. Une main masseuse et quelques siestes en sont finalement venu a bout. Heureusement aussi, que cet hôte nous dorlote d’une passoire de fraise pres du lit, c’est que lui aussi a faillit comme nos belges de l autre jour, passer par le petit trou de la serrure, alors il sait recuperer les bonnes choses de la vie.

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Le Sandjak, en pleine Serbie orthodoxe, dans les montagnes de Sjenica a Novi Pazar regorge de mosquées.  A Novi Pazar, Ludmila, professeur de français et interprète regrette amèrement le temps où tous étaient semblables. Les Musulmans d’aujourd’hui voilent de plus en plus leurs femmes, certains croyants  disent même que des extrémistes venus d’ailleurs sont payés pour donner l’exemple de la longue barbe et de l épouse modèle la plus voilée possible. Ici, les Serbes orthodoxes ne représentent que 20 % de la population et déplorent l’enfermement de l’Islam. Ils ignorent que dans le Sandjak reculé des montagnes, d’autres orthodoxes construisent des églises neuves pour faire force de revendication du territoire. Pourtant, dans les villages, on prétend vivre en harmonie avec les différentes pratiques, dans une grande tolérance,  sans que cela ne pose problème. Il est vrai que les habitants sont situés dans les anciennes colonies turques,  5 siècles de domination qui ne furent pas sans laisser de traces. Elmaza, petite dame bossue de 80 ans est allée 10 fois a Istanbul rendre visite a ses frères et soeurs qui y ont élu domiciles. Les échanges avec la Turquie sont encore actuellement bien réels, ne serait-ce que par les possibilités de tourisme grâce au coût de la vie bien moins élevé de l’autre cote du Bosphore.

Nous aimerions dire aux orthodoxes, peu importe que leur voisin soient musulmans ou non, ce sont des gens de valeurs, comme eux, ils partagent les mêmes terres, alors pourquoi chercher la petite bête ?

Loin des barbus et des supers voilées, même rares en ville, l’islam de la campagne est pratiquée de manière très discrète au sein des foyers, ne pouvant-etre par conséquent sujet aux préjugés de certains Serbes.

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Quitter Sarajevo ne fut pas une mince affaire. Nous commencions à nous implanter la/bas, fréquenter de bons amis assidûment, avoir nos habitudes…

Epreuve de détachement, il a fallu dire au revoir aux Mesbah, qui nous ont beaucoup apporte en matière de développement sprirituel ainsi qu-a Sebastien, Dede et leurs enfants , que nous avions aussi adopte comme notre famille. Les discussions, dans le cadre des expatriés français étaient fort intéressantes et allaient bon train. A signaler, ce travail a La Croix Rouge, de visites dans les prisons pour éviter aux criminels de guerre de se voir leurs droits usurpés. Les prisons bosniennes tiennent bien mieux la route que les françaises, encore imprégnées du régime de Tito. Elles s-auto suffisent, en produisant la, de l alcool fort local, ailleurs un atelier de serrurerie, ça nous fait bien rigoler. Chacune ont leurs propres terres a gérer, sans que l-etat n-aient a subvenir a leurs besoins. Les prisonniers ne sont donc pas enfermés dans des murs et une cour de bitume de 20 m carres. La reinsertion en est facilite.

Quittant Sarajevo par la route de Pale, il nous faut affronter un passage obscur, un tunnel a une voie, sans lumière, sur 500 metres, qui est assez fréquenté. Autant vous dire que le noir d-un tunnel est vraiment sans espoir, fait perdre tout repère comme dans l- immensite de l univers ou les fonds sous/marins, c est l abolition de l espace et du temps. Il faut maîtriser son étouffement, sa claustrophobie, sa crainte de ne jamais revoir le jour. Ce tunnel a ceci de particulier qu il sépare une ville SErbe orthodoxe d-une ville musulmane, petit îlot en pleine Republika Srbska. Nous sommes encore en Bosnie, les habitant ont ete profondément marques par la guerre des années 1990, une guerre immonde, ou le voisin serbe était l ennemi du bosniaque musulman. Ou, sur les hauteurs des villes, construites dans des canyons, des snipers tiraient sur hommes, femmes, enfants, qui pour beaucoup furent contraints de vivre enfermés durant 3,4 annees de siège. Qui n-a pas perdu un frère, une mère, un fils dans ce carnage. A Paca ou nous dormons ce soir la, ce sont des quinquagénaires, sexagénaires, qui se détruisent a coup de Pivo et de Raiki (bière et alcool fort local) pour oublier l-insupportable. Ces générations semblent revenir du fond de l-horreur.

13 tunnels noirs nous attendent encore. La route que nous croyions asphaltée ne l-est plus. A sa place, une ancienne voie ferrée, chemin de terre et de pierre dans le fond d un canyon encore mine. L alternative est une route très raide dans les montagnes, et les jarrets n en veulent plus.  Certains tunnels ressemblent à de grands tubes digestifs, humides, glaciaux, au sol irrégulier dont il faut se préoccuper. Il n est pas question de se fouler un pied dans ces tréfonds obscurs. A 200/300 metres de longueur nous ne voyons pas le bout, le jour salvateur. Notre seul repère spatial, la lumière de la lampe frontale, notre meilleure ressource, parler, s encourager, chanter, entendre nos voix rassurantes.  Finalement, on s-habitue. Petit a petit, combattant mes peurs, la curiosité prend le dessus, l observation de soi dans un milieu si surprenant.  Apres encore une dizaine de tunnels, sur de la route asphaltée, une sensation de bien être apparaît presque. Le changement de température devient l élément le plus pénible, par contraste avec la chaleur extérieure, maux de gorges au programme.

A l école voisine de Rudo, dans la nature junglesque des bords de la Lim, nous partageons deux nuits avec Madame la professeur, Radmila. Une résistante aux forces Serbes qui contraignirent sa famille /SErbe/ a aller dépecer le voisin. Pas facile de jouer un double rôle, de faire semblant d être du cote des exterminateurs et des exterminés. Ecoeurée par les deviances religieuses (qui sont, dans cette guerre melees a des expansions de territoire), elle affirme avec fierte, son athéisme, chose rare dans cette région. Pour autant, elle se montre très intéressée et ouverte a la religion Baha-ie dont je lui touche quelques mots. Contrairement aux laïcs français très réactifs a toute conversation sur ce sujet. Radmila arrive a conserver un esprit rayonnant et joyeux, tout en consommant quantités de cigarettes. Elle est aux petits soins avec nous… Nous rendons visites a ces trois petites élèves, rien a voir avec ces classes bien garnies de 30 ouailles sous Tito. Avec les fermetures des industries communistes (production de voitures, equipementiers), les habitants ont déserté les lieux. Petite séance d- echauffement avec elles, et puis nous repartons, contents d-avoir vu enfin une école de campagne en fonction.

Nous voila enfin chez ces Serbes à la réputation affreuse. Tout le monde nous salue, nous interpelle, heureux de rencontrer des étrangers encore plus qu- ailleurs. Nous rencontrons bien un lycéen ouvertement raciste envers les Albanais, mais sinon des habitants tranquilles à l-air pacifiste. Quelque chose n-est pas très clair… la famille chez qui nous logeons, veut a tout prix que nous evitions Sjenica, ville d-ou je vous ecris, parce qu elle est peuplée de musulmans peu accueillants. Pour ne pas les braquer, j-explique a l-aine, par ailleurs charmant, qu-il y a des gens sympas partout. Il semble que les musulmans soient assimiles aux envahisseurs turcs de jadis, dans l esprit des Serbes. Dans ce cas, ils ont du se sentir en légitime défense de les chasser hors de ce qu-ils consideraient être leur territoire, la Grande Serbie. Yannick croule sous les demandes du père et du fils aine, qui rêvent de venir travailler en France. Quels salaires pour travailler dans l agriculture, chez Renault…? Quels emplois peuvent/ils trouver… Leur qualité de vie est des meilleures, en tous cas en cette saison. Ils travaillent a leur rythme dans la ferme familiale, sans s imposer de folles cadences, ils vivent ensembles de manière très équilibrée, ils mangent bien, ont 3 maisons, que cherchent/ils en France ? Leur rêve, le pouvoir d achat, la consommation,  a laquelle nous essayons de résister, mais qu eux ne connaissent pas encore. Et vu le peu de cas fait du traitement des déchets, tant mieux pour la nature !

Cette nuit fut vraiment cocasse. Une famille de furieux, qui se hurlent dessus pour communiquer quand ils ne rigolent pas a grosses vagues, n ont pas digere notre statut de mumak et tsura (de copains/copines non maries). Ils ont dormi avec nous dans le salon, la tele allumée, et nous les suspectons de nous avoir chaperonnes. A première vue rien de bien méchant, pourtant, ils nous volèrent notre liberté a s immiscer dans notre vie prive sans aucun droit. La prochaine fois, si nous voulons la conserver, il nous faudra adapter notre réalité a la leur.

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Passage a Dubrovnik, regard sur la Croatie.

Accostage a Dubrovnik après la route la plus périlleuse qui soit au traffic dense et nerveux sur une artère type rocade. A chaque dépassage de montagnes s’échappent des archipels féériques d’une brume de fin d’après midi printannière. Le général Gotovina affiché à l’entrée du territoire, actuellement jugé -les Croates l’espère, innocent- annonce le climat de réglements de compte post-guerre, en cours dans les Balkans.

Nous avons connu l’épaisseur de la ville en rencontrant Neven. Lui et sa femme Barbara nous autorisent a monter notre tente sur leur terrasse -bien qu’ils possèdent des chambres d’hôtes-, mais craignent les mauvais commérages de leurs voisins. La ville est couverte de panneau sobe, rooms, appartments à louer, accueillir gratuitement chez soi quelqu’un de passage relève du défi. Ici, le propriétaire se trouve dans l’obligation de verser une taxe d’un euro par jour a la ville pour chaque touriste hébergé. L’appât du gain est dans l’air du temps, pervertissant l’hospitalité. Chacun se sentant en concurrence avec son voisin, s’autorise à dénoncer celui qui n’aurait pas déclaré ses visiteurs. Un parent ou un ami en simple visite est logé à la même enseigne, n’en déplaise au bon accueil d’antant, car bien trop souvent, en cas de prêt de logement, le corbeau jette un mauvais oeil collabo sur le nid d’à côté. » Dubrovnik is not as before, people changed, they-re just thinking of having money, money, money »

Neven regrette le temps jadis où l’on vivait simplement dans le terreau sûr d’une tradition versant dans l’éloge des bonnes valeurs. Il en est physiquement atteint, l’échine courbé par la bêtise de la guerre et les vices de la course au fric ambiants, conduisant Dubrovnik dans la voie d’une décadence morale incontrolâble. « Les gens sont devenus mauvais » ; « sous Tito », nous explique-t-il « il était impossible de chercher à posséder plus qu’un autre. Le travail était distribué également pour tous, le chômage n’existait pas, chacun travaillait raisonnablement 4 à 5 heures par jour et tout le monde était content. Bien sûr, la liberté de pensée n’existait pas, mais l’état fonctionnait à peu près correctement, redistribuant les biens croates dans toute la Yougoslavie dans une certaine transparence budgétaire. »Avec une application désastreuse certes, comme ces usines construites n’importe où sans reflexion durable, mais dans une atmosphère générale plus détendue ».  il parle de cette dictature comme la meilleure politique dispensée ces dernières années. Avec ses talents de conteurs, il nous captive en nous parlant des déviances actuelles. Il peste  contre l Eglise impliquée localement dans de sombres affaires pedophiles ou des manipulations grotesques. « A l ecole, par exemple, ils emploient desormais des bonnes soeurs sans qualifications pedagogiques pour enseigner un catholicisme malade. Elles utilisent des versions simplistes de catéchisme, sans reflexions profondes. » Et ce certtainement pour renforcer le nationalisme croate et atiser la haine contre les voisins orthodoxes ou musulmans. Neven, qui s’est formé dans les livres et auprès de spécialistes sur la psychologie de l’enfant à l’éducation des siens se bat contre tout ce qui leur porte préjudice. Il a demandé un entretien à  l’évêque pour exprimer son désaccord, mais celui-ci a décidé d’adopter la politique de la sourde oreille.  (suite…)

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Crna gora, Les Montagnes Noires, Montenegro.Un mur de hautes montagnes arides, qui semblent infranchissables, dominent le port de Bar par ou nous arrivons, un matin pluvieux de mars. Premiere etape, 700 m de deniveles par le col de Suterman, presque un sommet. Le lendemain matin, sortis de notre domicile nocturne nous admirons les motagnes toutes blanches de neige vetues, a perte de vue. Descendant sur le grand lac interieur, paradis des oiseaux et des amoureux de la nature, nous retrouvons le doux climat Mediterraneen dans les inondations de Rjeka Crnvica…Pour mieux se retrouver dans la tempete de neige entre Cetinje et Kotor. La population Montenegrine est partagee entre ces hautes montagnes au climat rude et les abords du golfe de Kotor, de l’Adriatique et du lac ou la vie y est bien plus facile.

A Bar, un groupe d’evangelistes franco-americano- germanique nous hebergent une nuit. Bien que nous ne partageions pas les memes croyances, nous sommes convies a leur reunion, leur eglise qui a lieu dans une piece de la maison (pour eux, comme pour les premiers Chretiens, l’eglise est constituee par la seule reunion des croyants, il n’y a donc pas de lieu de culte particulier). Cette rencontre occasione  des discussions interessantes sur la religion. En France, nous sommes laics, idee tellement insoupconnable par la grande majorite des habitants de la planete qui chretiens, musulmans, juifs ou bouddhistes n’envisagent pas l’atheisme. Lors de cette petite messe improvisee, les participants rayonnent d’energie positive (comme dans les autres moments vecus ensembles), chantent en choeur, travaillent ensembles sur le developpement de soi (sur quel point faible a-t-on  progresse). Les paroles des chansons sur Jesus dont il faut aimer le sang, sont a dix mille lieux de nous toucher (fanatisme pour moi). Mais la qualite de leurs echanges, de leur communication, la sincerite de leur croyance est si belle ! L’energie positive qu’ils degagent en est tellement accrue ! Cela me semble, apres cette rencontre, celle de nos Lithuaniens pratiquant la meditation Vipassana et d’autres, indispensable d’avoir une spiritualite pour etreindre la profondeur de la vie. Nous deplorons aussi le manque de structures laiques permettant des regroupements de gens pour s’entraider a « grandir » et pour consacrer un temps de paroles ensembles comme moyen d’apprentissage collectif pour surmonter les difficultes de la vie. Cela semble manquer cruellement en France par rapport aux Pouilles catholiques, a ces evangelistes ou a la tradition orthodoxe Montenegrine, tres ancienne, qui promeut le respect de l’autre. En France, on est bien trop dans notre coin selon les lois de l’individualisme, que chacun se debrouille comme il peut et tant pis si certains sont largues. Dans une societe croyante, personne n’est delaisse, qu’il soit fou ou simplet, l’Homme a toujours sa place dans la communaute.

Ces evangelistes sont venus a Bar pour clamer leur amour de Jesus aux habitants, sans chercher particulierement a les convertir, nous expliquent-ils. (Il faut reconnaitre que nous n’avons pas ete victimes de proselytisme, bien que tous ces moments de priere ne soient pas sans destabiliser quelqu’un d’un peu perdu). A Bar, le voisinage est dechire par l’appartenance religieuse. Un musulman n’adresse pas la parole a son voisin catholique ou vice versa et l’indifference ou la haine de l’autre s’entretiennent savamment a travers l’influence familiale, jusque dans l’ecole. (suite…)

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Syracuse ville carrefour

De Modica à Buscemi, la partie orientale de la Sicile couverte de murets gris apparait comme un clin d’oeil à sa  lointaine cousine insulaire : l’Irlande. Un véritable défi pour ces générations passées à se battre contre la pierre pour trouver un bout de terre, qui d’ailleurs aujourd’hui est totalement inexploitée. Ces amas de gris sur fond vert, dans le temps sombre et tempeteux d’hiver, ouvrent une porte sur un monde mystérieux où la nature a repris le dessus sur l’Homme, en témoignent ces petits hameaux dont il ne reste que des ruines. (suite…)

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Après s’etre spécialisés en fresques renaissantes à Florence, nous perfectionnons nos connaissances en matière de mosaiques byzantines à Palerme et Monreal. Le synchretisme culturel arabo musulman byzantino occidental medieval nous plait des plus et avec un saut dans le temps les vestiges de la seconde guerre mondiale, où les français et les anglais ont détruit à force de bombes des bouts de quartiers ancestraux, dans lesquels à present, les palermitano festoient allégrement. Dans cette ville, la fiesta ne connait pas de répit et du dimanche au samedi, foule de siciliens se retrouvent à la notte pour « voyager » dans les rues. Les Eglises consacrées et non consacrées ne se comptant plus, il s’en est trouvé une, ornée de belles fresques baroques dans laquelle les gens dansent jusqu’à 5h du matin, cela fait partie des curiosités locales. (suite…)

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Il y a deux semaines nous passions le col Montgenèvre sans encombres, malgrè un mois de novembre bien avancé qui aurait pu faire obstacle a notre ascension. Ce passage alpin fut très ensoleillé jusqu’au col du Lautaret sans conteste baigné dans les paysages les plus spectaculaires de notre voyage (des sommets à 4000m de part et d’autres) avec en prime des chroniques de Yannick sur le tour de France et l’ascension du Galibier, et de vrai questions sportives sur les faux plats montants.

Notre première étape italienne portait bien son nom : « Exilles », où Sylvano, notre hote nous instruisit sur les modes de constructions/bidouillages italiens (un peu de béton au milieu de briques dans des constructions traditionnelles, des remplissages anarchiques et fantaisistes, des configurations de fils improbables…), jusqu’à nous mener sur les toits de grosses lauzes typiques de cette partie du Piemont: Au passage nous prenons notre premier cours d italien ponctué de piémontais et arrosé comme il se doit d’un café bien serré. (suite…)

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